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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Mansell, C.- W.: [Observations sur les intailles talismaniques phéniciennes (vignettes)]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0046

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— 40 —

d’une idée toute particulière, dont on ne trouve jusqu’à présent aucune trace chez
les Égyptiens ; car l’Égypte est loin de pouvoir tout expliquer à elle seule en Phé-
nicie et chez les populations de la Palestine et de la Syrie. Elle leur a beaucoup
donné, mais des formes bien plus que des idées, et le fond religieux sémitique reste
sut juris ou du moins dépendant bien plus de la civilisation du bassin de l’Euphrate
et du Tigre que de celle de l’Égypte. L’idée que nous relevons ici, c’est que lors-
qu’un dieu compte parmi ses symboles un animal susceptible d'être nuisible, et en
revêt la forme, il est en même temps celui qui en défend l’homme ; que son image,
sous la figure de l’animal, est le plus puissant talisman pour préserver du mal que
l’on pourrait en craindre.

Parmi les intailles découvertes dans le trésor du temple de Curium par le général
de Cesnola et transportées au Metropolitan Muséum of art de New-York, je remar-
que celle d’un curieux scarabéoïde d’agate rubannée (1), dont on a l'eproduit ici
le sujet. Nous y voyons un cartouche à l’égyptienne, accosté de
deux uræus au col gonflé; mais, au lieu d’hiéroglyphes, le car-
touche renferme le mot grec EXI, eyi (vocatif d’Iytç), « ô vi-
père ! ». C’est incontestablement, comme l’a reconnu M. King (2),
un amulette contre la morsure des vipères, particulièrement
multipliées encore de nos jours en Chypre ; et la pierre devait être placée dans le
chaton d’une de ces bagues magiques contre les serpents, dont parle Aristo-
phane (3). La pierre est grecque, comme l’indique l’inscription; mais on ne peut
douter à la voir qu’elle n’ait été copiée d’un motif phénicien, qu’elle ne reproduise
une donnée de talisman créée antérieurement par les Chananéens. Or, on remar-
quera qu’encore ici c’est la figure du serpent divin, de l’uræus, qui est prise comme
phylactère pour défendre des atteintes des animaux de même classe. Il y a là un
indice sérieux, de nature à faire croire que c’est dans une intention talismanique
et prophylactique qu’ont été fabriqués les scarabées phéniciens assez nombreux,
en diverses matières, portant gravée sous le plat l’image de l’uræus avec différents
attributs divins. J’en insère ici un exemple, emprunté à un scarabée
en jaspe vert de la collection de M. le docteur Fr. Spano, à Cagliari.
Le serpent sacré y est muni de deux ailes, comme dans beaucoup de
représentations égyptiennes, et sa tête est surmontée d’un disque placé
dans le croissant lunaire (4). C.-W. MANSELL.

(t) Cesnola, Cyprus, its ancient cities, tombs
and temples, pf. xl, n° 19.

(2) Dans l’ouvrage de M. de Cesnola, p. 383.

(3) Plut., 883.

(4) Voy. deux pierres analogues, du trésor de
Curium, dans Cesnola, Cyprus, pl. xxxvm, n°s 24
et 23.

L’éditeur-gérant : A. LÉVY.

Paris. — Typographie Georges Chamerot, rue des Saints-Pères, 19.
 
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