Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

DOI article:
Trivier, S.: Tête de chef Libyen: bronze de Cyrène
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0067

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
— 61 —

porte ici l’empreinte du type berbère de l’Afrique du Nord, des peu-
ples auxquels appartenait en propre dans l’antiquité l’appellation de
Libyens. Nous avons tous vu passer des têtes de la même famille
dans les rangs des bataillons de Turcos, et il y aurait une intéressante
comparaison à faire entre ce bronze grec de Cyrène et les belles études
de types kabyles qui figuraient, il y a quelques années, à l’exposition
des œuvres du peintre Pils. Il y a même une véritable recherche
pour faire deviner la coloration, dans la manière dont les cheveux et
la barbe sont rendus ; on sent que ceux du modèle étaient de ce blond
chaud qui distingue encore la chevelure d’une partie des Berbères de
l’Algérie, et que les artistes de l’Égypte pharaonique ont soigneuse-
ment exprimé en retraçant l’image des Tamahou ou des Lebou ,
ancêtres des populations libyennes.

Pourtant nous ne saurions chercher , comme M. Newton , dans la
tête de bronze du Musée Britannique, F effigie d’un roi de Numidie ou
de Mauritanie. Ces contrées étaient trop éloignées de Cyrène. D’ailleurs
les monarchies indigènes n’ont commencé à s’y développer qu’après
l’abaissement et la chute de Carthage, sous les auspices des Romains,
dont les Numides devinrent ensuite les adversaires: ces événements
sont donc bien postérieurs à la date de notre morceau de sculpture, dont
l’exécution ne peut être placée que dans le siècle qui suivit Alexandre.
Pour nous, la tête que nous plaçons sous les yeux de nos lecteurs est
celle de quelque chef d’une des nations des Libyens voisines de la
Cyrénaïque, en rapports quotidiens avec les Grecs de cette contrée ,
soumises à Faction de la supériorité de leur culture. Tels étaient les
Auschises, qui habitaient non loin de la cité hellénique des Évespé-
rites (1) : tels les Maces (2), qui nous ont légué de belles monnaies
d’argent et de bronze (3), imitées de celles de Cyrène, avec la légende
grecque AIBïQN et dans le champ du revers un n punique, initiale du
nom particulier du peuple (4). Cet emploi simultané des deux alpha-
bets correspond bien à la situation géographique et politique des
Maces , placés entre les domaines des Grecs Cyrénéens et des Cartha-
ginois, obligés par ces derniers à l’entretien d’une route qui, tra-
versant leur territoire , était l’artère du commerce terrestre des
Chananéens de la Zeugitaue et de la Byzacène avec les Hellènes de la
Cyrénaïque.

Parmi ces nations de Libyens, il en était surtout une qui avait com-
plètement adopté la civilisation et les mœurs grecques : c’étaient les

(1) Herodot., IV, 171 ; Diod. Sic., III, 48.

(2) Herodot., IV, 175; Diod. Sic., III, 48.

(3) L. Millier, Numism. de l'anc. Afrique, t. I,
p. 130 et s.

(4) Ibid., p. 133.
 
Annotationen