aujourd’hui démentie, et l’on a presque toujours tort lorsque l’on s’éloigne des
indications des anciens sur les choses qu’ils ont été en mesure de bien savoir.
En pareil cas leur témoignage vaut mieux que toutes les plus ingénieuses con-
jectures des modernes; c’est là un axiome de critique dont chaque jour je sens
davantage la nécessité de me pénétrer.
La forme indigène du nom ou plutôt du surnom de déesse hellénisé en
fi émir amis, se trouve sûrement dans le nom de la reine Sammu-ramat , épouse
du monarque assyrien Bin-nirar III, à la fin du ixe siècle avant l’ère chré-
tienne , la Sémiramis d Hérodote et la seule historique. En effet, à côté des
noms contenant une prière à tel ou tel dieu ou une indication d’appartenance
et de subordination à la divinité , il y avait chez les Chaldéo-Assyriens une
classe nombreuse de noms propres d’hommes se composant d’un nom divin
suivi d’une épithète, comme Adar-Malik « Adar roi », Assur-ebel-ilani « Assur
prince des dieux», Nabu-na’id « Nébo majestueux». Sammu-ramat se compose
de deux éléments, dont le premier est le plus essentiel dans l’appellation divine,
le second n’en étant qu’un qualificatif. Aussi, quand Lucien parle du simulacre
mystérieux et à l’aspect ambigu , qui, dans le temple d’Hiérapolis, était placé
entre les statues du dieu mâle et de la déesse féminine, et que quelques-uns
regardaient comme Sémiramis, à cause de la colombe posée sur sa tête, il
ajoute : vjxk&xcn dè 2r/pk'ov y.ai vu' ainâv ’Aaavpiav (1). Ceci est confirmé par
une phrase du si curieux passage de l’Apologie adressée à Marc-Aurèle par
SainL-Méliton, dans lequel il passe en revue un grand nombre de cultes de
l’Asie antérieure, en les présentant dans un esprit de complet évhémérisme et
avec les transformations que leur avait fait subir un syncrétisme souvent
bizarre, mais aussi avec des indications de haut prix que l'on chercherait
vainement ailleurs : « Quant à Nébo, qui est à Maboug, pourquoi vous en
« écrirais-je? Les prêtres de Maboug savent que c’est la statue d’Orphée,
« mage de Thrace. Iladran est de même la statue de Zaradouscht (Zoroastre),
« mage persan. Ces deux mages pratiquèrent leurs enchantements sur un
« puits situé dans La forêt de Maboug, dans lequel était un esprit impur qui
« molestait et attaquait tous ceux qui passaient par l’endroit où est assise
« maintenant la citadelle de Maboug. Et ces mages chargèrent Simi, fille
« de Iladad, de puiser de l’eau de la mer et de la jeter dans le puits, afin
« que l’esprit ne sortît plus pour infester le pays , conformément aux secrets
« de leur magie (2). »
(1) De dea Syr., 33. — Les expressions de Lucien
indiquent clairement, ce me semble., que
est ici l'arrangement hellénique d’un nom assyrien,
combiné de manière à lui donner un sens en grec.
(2) Publié et traduit par M. Renan : Mèm. de
l'Acad. des Inscr., nouv. sor., t. XXIII, 2° part.,
p. 322-323.
indications des anciens sur les choses qu’ils ont été en mesure de bien savoir.
En pareil cas leur témoignage vaut mieux que toutes les plus ingénieuses con-
jectures des modernes; c’est là un axiome de critique dont chaque jour je sens
davantage la nécessité de me pénétrer.
La forme indigène du nom ou plutôt du surnom de déesse hellénisé en
fi émir amis, se trouve sûrement dans le nom de la reine Sammu-ramat , épouse
du monarque assyrien Bin-nirar III, à la fin du ixe siècle avant l’ère chré-
tienne , la Sémiramis d Hérodote et la seule historique. En effet, à côté des
noms contenant une prière à tel ou tel dieu ou une indication d’appartenance
et de subordination à la divinité , il y avait chez les Chaldéo-Assyriens une
classe nombreuse de noms propres d’hommes se composant d’un nom divin
suivi d’une épithète, comme Adar-Malik « Adar roi », Assur-ebel-ilani « Assur
prince des dieux», Nabu-na’id « Nébo majestueux». Sammu-ramat se compose
de deux éléments, dont le premier est le plus essentiel dans l’appellation divine,
le second n’en étant qu’un qualificatif. Aussi, quand Lucien parle du simulacre
mystérieux et à l’aspect ambigu , qui, dans le temple d’Hiérapolis, était placé
entre les statues du dieu mâle et de la déesse féminine, et que quelques-uns
regardaient comme Sémiramis, à cause de la colombe posée sur sa tête, il
ajoute : vjxk&xcn dè 2r/pk'ov y.ai vu' ainâv ’Aaavpiav (1). Ceci est confirmé par
une phrase du si curieux passage de l’Apologie adressée à Marc-Aurèle par
SainL-Méliton, dans lequel il passe en revue un grand nombre de cultes de
l’Asie antérieure, en les présentant dans un esprit de complet évhémérisme et
avec les transformations que leur avait fait subir un syncrétisme souvent
bizarre, mais aussi avec des indications de haut prix que l'on chercherait
vainement ailleurs : « Quant à Nébo, qui est à Maboug, pourquoi vous en
« écrirais-je? Les prêtres de Maboug savent que c’est la statue d’Orphée,
« mage de Thrace. Iladran est de même la statue de Zaradouscht (Zoroastre),
« mage persan. Ces deux mages pratiquèrent leurs enchantements sur un
« puits situé dans La forêt de Maboug, dans lequel était un esprit impur qui
« molestait et attaquait tous ceux qui passaient par l’endroit où est assise
« maintenant la citadelle de Maboug. Et ces mages chargèrent Simi, fille
« de Iladad, de puiser de l’eau de la mer et de la jeter dans le puits, afin
« que l’esprit ne sortît plus pour infester le pays , conformément aux secrets
« de leur magie (2). »
(1) De dea Syr., 33. — Les expressions de Lucien
indiquent clairement, ce me semble., que
est ici l'arrangement hellénique d’un nom assyrien,
combiné de manière à lui donner un sens en grec.
(2) Publié et traduit par M. Renan : Mèm. de
l'Acad. des Inscr., nouv. sor., t. XXIII, 2° part.,
p. 322-323.