Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

DOI article:
Foisset, Paul: Fragment de sculpture gallo- romaine découvert auprès de Beaune
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0092

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
— 86 —

plus de prix, puisqu’il suffit à produire ce mouvement indéfinissable qui communi-
que à une pierre la vie, et tout un caractère de femme marqué d’élégance et de fierté.

J’ajouterai que ce génie du ciseau, déjà marqué dès les origines du Castrum
Divionense, s’est perpétué dans la plaine bourguignonne dont le centre est Dijon.
C’est surtout, en effet, par la sculpture que le roman et le gothique bourguignons
tranchent avec les styles similaires du reste de la France. Il faudrait de trop longs
développements pour essayer de traiter ici la question, encore si obscure, de la
parenté que présente si souvent, dans les diverses régions de notre sol français, la
sculpture du moyen âge avec celles des mêmes contrées sous la domination romaine.
Faut-il admettre en pareil cas une transmission de traditions d’école au travers des
siècles, une mystérieuse affinité de génie entre les ancêtres et les descendants ? ou
bien le résultat d’une imitation des morceaux antiques subsistant encore sur le sol
et étudiés avec amour par les cc ymaigiers » du moyen âge ? C’est ainsi que Nicolas de
Pise s’est inspiré des sarcophages antiques du Campo-Santo ; et Mérimée (1) a signalé
dans les sculptures de Reims et de Paris, à propos des quelques croquis d’après
l’antique que renferme l’album de Yillard de Honnecourt, des figures copiées de
modèles romains. Quoi qu’il en soit, le fait d’une affinité entre la sculpture antique
indigène et celle du moyen âge est incontestable dans notre pays dijonnais. On
ne saurait méconnaître une filiation entre l’esprit des sculpteurs gallo-romains de
la contrée et celui des maîtres à qui nous devons, au xue siècle, les chapiteaux de
l’abbatiale de Cluny (au musée de cette ville) ou la porte de l’église de Saint-
Philibert de Dijon. Pour ce qui est du xme siècle, il suffira de rappeler les
frises admirables de Notre-Dame de Dijon qui semblent l’interprétation gothique
des frises gallo-romaines extraites des murailles du Castrum Divionense.

Fm tout cas, il y a vraiment lieu d’admirer quand on voit, un ou deux siècles
après la conquête de César, de petits temples ruraux, comme ceux du Mont-de-Sène,
des villas, comme celle du Crot de la Noue, rencontrer, pour tailler l’image de leurs
divinités, des artistes vraiment possédés du génie indéfinissable du beau, de ce
génie sans lequel il n’existe pas de vrai sculpteur.

Paul FOISSET.

(1) Etudes sur les arts du moyen âge, p. 367. —
Sur cette question de l’imitation des œuvres an-
tiques par les sculpteurs du moyen âge, voy.

encore A. Dancel, Gazette des Beaux-Arts, avril
1878, p. 384.
 
Annotationen