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Lenormant, François: Miroir étrusque
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M. Dutuit en offre un des exemples les plus remarquables. Le miroir
célèbre qui, après avoir fait successivement partie des collections
Durand et Pourtalès (1), se trouve aujourd’hui conservé au Musée Bri-
tannique, est le seul de la même classe qui l’égale en importance.
Ce dernier est aussi celui où la composition se rapproche le plus du
dessin que nous plaçons sous les yeux de nos lecteurs ; et comme les
personnages y sont désignés par leurs noms, il nous permet de déter-
miner les quatre femmes occupées à parer Malavisch. Trois d’entre
elles sont certainement les Charités, et elles portent toutes trois la même
stéphané sur la tête. Deux sont debout, ajustant une riche mitra de
couleurs variées autour de la chevelure de la personnification typique
de la beauté irrésistible et fatale. Celle qui arrange la coiffure sur le
front reçoit sur le miroir Pourtalès le nom de Munthuch, appellation
qui semble la caractériser comme celle des Grâces qui préside spécia-
lement au mundus muliehris (2). La troisième, assise à l’extrémité droite
de la scène, tient à la main l’alabastron contenant le fard noir pour
teindre le bord des yeux et le style avec lequel on l’appliquait à l’angle
des paupières. La figure assise en pendant avec elle, coiffée d’une
stéphané d’un modèle un peu plus simple, qui adresse la parole à
Malavisch et tient dans sa'main gauche un collier,-doit être Vénus,
d’après le miroir Pourtalès où elle se voit, désignée par son nom de
Turan, à la même place, après Munthuch. Sur un autre miroir, c’est
Turati elle-même qui arrange la coiffure de Malavisch (3). Ce qui est
tout à fait nouveau dans le miroir de M. Dutuit, c’est YÉros joint à
la scène. Représenté comme un adolescent ailé, il est debout sur un
plan un peu en avant, tenant de la main gauche un coffret ouvert et
présentant de la droite un fruit à l’héroïne assise que l’on pare. A ses
pieds on voit d’un coté la colombe de Vénus, de l’autre un jeune cerf
couché. Les animaux cervidés étaient, comme l’on sait, consacrés à
Aphrodite et à Éros (4), et plus d’une fois les peintures de vases en
donnent pour monture à ce dernier (5).
Mais une circonstance encore plus rare, qui ajoute à l’intérêt
du miroir de M. Dutuit, car elle ne se reproduit que sur un très-
petit nombre de monuments analogues, où elle augmente la richesse
de la décoration, consiste dans la série de figures gravées sur le bord
extérieur de la face du miroir où sont les graffiti, formant un cercle
autour du sujet principal. En bas , à la naissance du manche, une
(1) Gerhard, Etr. Sp., pl. ccxm.
(2) Sur le nom de Munthuch ou Munthch, voy.
A. Fabretti, Glossar. ital.. p. 1195 ; Corssen, Spr.
d. Etr., t. I, p. 338 et s.
(3) Gerhard, Etr. Sp., pl. ccxv.
(4) Oppian., Cyneg., II, 187.
(5) Ch. Lenormant et J. de Wilte, Él. des mon.
céramogr., t. IV, pl. lii et liii.
M. Dutuit en offre un des exemples les plus remarquables. Le miroir
célèbre qui, après avoir fait successivement partie des collections
Durand et Pourtalès (1), se trouve aujourd’hui conservé au Musée Bri-
tannique, est le seul de la même classe qui l’égale en importance.
Ce dernier est aussi celui où la composition se rapproche le plus du
dessin que nous plaçons sous les yeux de nos lecteurs ; et comme les
personnages y sont désignés par leurs noms, il nous permet de déter-
miner les quatre femmes occupées à parer Malavisch. Trois d’entre
elles sont certainement les Charités, et elles portent toutes trois la même
stéphané sur la tête. Deux sont debout, ajustant une riche mitra de
couleurs variées autour de la chevelure de la personnification typique
de la beauté irrésistible et fatale. Celle qui arrange la coiffure sur le
front reçoit sur le miroir Pourtalès le nom de Munthuch, appellation
qui semble la caractériser comme celle des Grâces qui préside spécia-
lement au mundus muliehris (2). La troisième, assise à l’extrémité droite
de la scène, tient à la main l’alabastron contenant le fard noir pour
teindre le bord des yeux et le style avec lequel on l’appliquait à l’angle
des paupières. La figure assise en pendant avec elle, coiffée d’une
stéphané d’un modèle un peu plus simple, qui adresse la parole à
Malavisch et tient dans sa'main gauche un collier,-doit être Vénus,
d’après le miroir Pourtalès où elle se voit, désignée par son nom de
Turan, à la même place, après Munthuch. Sur un autre miroir, c’est
Turati elle-même qui arrange la coiffure de Malavisch (3). Ce qui est
tout à fait nouveau dans le miroir de M. Dutuit, c’est YÉros joint à
la scène. Représenté comme un adolescent ailé, il est debout sur un
plan un peu en avant, tenant de la main gauche un coffret ouvert et
présentant de la droite un fruit à l’héroïne assise que l’on pare. A ses
pieds on voit d’un coté la colombe de Vénus, de l’autre un jeune cerf
couché. Les animaux cervidés étaient, comme l’on sait, consacrés à
Aphrodite et à Éros (4), et plus d’une fois les peintures de vases en
donnent pour monture à ce dernier (5).
Mais une circonstance encore plus rare, qui ajoute à l’intérêt
du miroir de M. Dutuit, car elle ne se reproduit que sur un très-
petit nombre de monuments analogues, où elle augmente la richesse
de la décoration, consiste dans la série de figures gravées sur le bord
extérieur de la face du miroir où sont les graffiti, formant un cercle
autour du sujet principal. En bas , à la naissance du manche, une
(1) Gerhard, Etr. Sp., pl. ccxm.
(2) Sur le nom de Munthuch ou Munthch, voy.
A. Fabretti, Glossar. ital.. p. 1195 ; Corssen, Spr.
d. Etr., t. I, p. 338 et s.
(3) Gerhard, Etr. Sp., pl. ccxv.
(4) Oppian., Cyneg., II, 187.
(5) Ch. Lenormant et J. de Wilte, Él. des mon.
céramogr., t. IV, pl. lii et liii.