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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Lenormant, François: Triptolème en Syrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0104

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de l’époque romaine, en particulier sur les médailles. Debout dans le char mer-
veilleux que lui a donné Déméter et que traînent vers la droite deux serpents
à la tête munie d’une barbe et d’une crête, il fait face au spectateur. Son mou-
vement est celui du semeur; Indisposition de sa chlamyde forme sur le devant
de sa poitrine, du côté gauche, la poche qui renferme les grains de blé dont sa
main droite élevée va répandre, en la lançant, une poignée à la surface de la terre.
Dans l’état actuel de la sculpture , il est impossible de déterminer l’objet que
tenait, en même temps que le pli de la chlamyde , la main gauche à l’extrémité
du bras étendu; peut-être était-ce un faisceau d’épis ou une touffe d’herbes. Le crois-
sant de la lune est placé dans le champ du bas-relief, en haut, à gauche du héros.

Devant cette représentation, il faut se souvenir de la tradition qui s’était formée
vers le temps de la domination des Séleucides, par un mélange d’éléments grecs
et indigènes, et qui transportait dans le Nord de la Syrie le personnage de Tripto-
lème. D’après cette tradition, le héros n’aurait pas été originaire d’Eleusis, mais
d’Argos, et il serait venu en Asie à la tête des Argiens envoyés par Inachos à la
recherche de sa fille Io, métamorphosée en vache etfuyant devant la colère de Héra.
Triptolème et ses compagnons auraient d’abord passé dans la Cilicie , où les habi-
tants de Tarse le revendiquaient comme le fondateur de leur ville (1), et où ceux
d’Ægæ plaçaient son image sur les revers d’une de leurs monnaies de cuivre à
l’effigie de l’impératrice Salonine (2). De Cilicie, la légende faisait aller Triptolème
dans le pays d’Antioche. L’ancienne bourgade que cette ville avait remplacée
s’appelait, dit-on, Ioné ou Iopolis (3) ; la fable helléniste tirait ce nom de celui d’Io
et prétendait que Triptolème était à la fois l’auteur de ce nom et le fondateur du
bourg (4). Au temps de Strabon (S), les habitants d’Antioche célébraient en son
honneur des fêtes régulières sur le mont Casion, et Ottfried Müller (6) a établi que
si Germanicus est figuré en Triptolème sur le célèbre plat d’argent d’Aquilée (7),
conservé au Cabinet impérial et royal de Vienne, c’est en qualité de nouveau
fondateur (xTKrrijs) d’Antioche, admis aux honneurs de l'héroïsation par les ha-
bitants de cette ville comme un nouveau Triptolème. On ajoutait même qu’un
essaim des Argiens avait été encore plus loin vers l’Orient, jusqu’au Tigre , et
qu'ils avaient colonisé sur les bords de ce fleuve le pays de Gordyée, ainsi appelé

(1) Strab., XIV, p. 673 ; XVI, p. 730.

(i) Mionnet, Descr. de méd. ant., t. III, p. 548,
n° 55.

(3) Johan. Malal., p- 29, éd. de Bonn; Liban.,

Antioch., p. 288 et s., ëd. Reiske; Steph. Byz.,
v. Suid., v. itGoÂif; Eustath. in Dionys.,

Perieg., 918.

(4) Johan. Malal., p. 28, éd. de Bonn ; Chron.
Paschal., p. 41, éd. de Paris; Cedren., p. 21, éd.

de Paris; Liban., Antioch., p. 287, éd. Reiske;
vov. Rochette, Histoire des Colonies grecques, t. I,
p. 251.

(5) XVI, p. 750.

(6) Ann. de l'inst. archêol., t. XI, p. 78-84.

(7) Mon. inéd. cle l’inst. archêol., t. III, pi. iv;
Arneth, Gold und Silbermonumente der k. k. Münz
und Antiken-Cabinetten in Wien, Suppl., pl. ii.
 
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