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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Lenormant, François: Un monument du culte de Glycon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0186

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— 180 —

dans sa demeure, et montra le lendemain au peuple , comme le dieu parvenu en
une nuit à une croissance merveilleuse, une grande couleuvre qu’il avait dressée
à cet objet et qu’il avait affublée d'une tête d’apparence humaine, fabriquée adroi-
tement avec des toiles peintes (1). Un oracle que publia le devin révéla le nom
particulier de cette nouvelle incarnation d’Esculape :

Etui rXûxMV, tpitov cdij.K Aïoç, epexoç àvdaànoim,

« Je suis Glycon , troisième sang de Jupiter, lumière des hommes (2). » On
ignore où Alexandre avait pris ce nom, inconnu jusqu’alors à la mythologie.

Quelque grossière et facile à déjouer que fût l’imposture, elle trompa tous les
habitants de la ville , et Glycon eut bientôt des adorateurs, non-seulement
à Abonotichos, non-seulement dans toute la Paphlagonie, mais en Bithynie,
en Galatie et en Thrace (3). La renommée du nouveau dieu pénétra jusqu’à
Rome, et elle y fit des adeptes (4). Alexandre prétendit lui-même à un ca-
ractère divin ; non content de se présenter comme petit-fils d’Esculape par Poda-
lire, il prétendit avoir été l’amant de Séléné et donna une fille naturelle, qu’il
avait avec lui, comme née de la déesse (S); il répandit le bruit qu’il avait une
cuisse d’or, qu’il laissait entrevoir à quelques adeptes favorisés (6). Le nombre
de ses dupes augmentait toujours, les oracles qu’il faisait rendre à son Glycon,
par un artifice de ventriloquie, lui rapportèrent beaucoup d’argent. Il alla jusqu’à
instituer des mystères de Glycon, dans lesquels il imitait les rites d’Eleusis. Ces
mystères se célébraient dans un thiase spécial, et le spectacle mystique y durait
trois nuits (7). La première, on montrait l’accouchement de Latone, la naissance
d’Apollon, ses amours avec Coronis et la naissance d’Esculape ; la seconde, la
théophanie de Glycon, le nouvel Esculape, et sa naissance ; enfin, la troisième nuit,
appelée « la nuit des flambeaux, » dadiç, on voyait l’union de Podalire avec la
mère d’Alexandre et les amours de celui-ci avec Séléné, descendant du ciel auprès
de lui comme auprès d’Endymion endormi. Marc-Aurèle lui-même, tout philosophe
qu’il était, crut à Glycon, et c’est sur l’ordre d’un de ses oracles que, dans son
expédition contre les Marcomans et les Quades, il fit jeter deux lions vivants dans
le Danube (8), fait représenté dans un des bas-reliefs de la colonne Antonine (9).

On ignore comment finit le culte de Glycon, car il survécut à la mort d’Alexandre,
son gendre Rutilianus ayant continué le service de l’oracle (10). Ce gendre de

(1) Lucian., Alexand., 15 et 16.

(2) Ibid., 18.

(3) Ibid.

(4) Ibid., 30.

(5) Ibid., 33.

(6) Ibid., 40.

(7) Ibid., 38 et 39.

(8) Ibid., 48.

(9) Bellori, Columna Antoniniana, pl. xm.

(10) Lucian., Alexand., 60.
 
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