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lénique; mais il nous offre la traduction grecque de la triade divine
de Tyr, Astarté-Àphrodite, Melqarth-Hercule (1) et Rescheph-Apol-
lon (2), ce dernier jouant le rôle du dieu fils (3). L’adoration de cette
triade, dans un temple voisin de la ville essentiellement tyrienne de
CitTum, n’a rien que de tout à fait naturel.
On sait que dans l’enceinte sacrée ou téménos (4) d’Athienau,
M. de Cesnola a découvert les restes de deux sanctuaires construits
en briques crues qui, dédiés aux mêmes divinités, paraissent
s’être succédé, le second ayant été élevé quand le premier tombait
en ruines. Le plus ancien , dont les décombres étaient très-
informes, avait été bâti sur un plan circulaire (5); l’autre, dont
on a pu déterminer toutes les dispositions, dessinait un parallé-
logramme. C’est à l’intérieur de ce second temple que l’habile
explorateur des monuments de Cypre a découvert tout un peuple
de statues en pierre calcaire blanche, dont les dimensions varient
entre celles de la nature et de la demi-nature. Celles qui étaient
plus ou moins intactes et les fragments les mieux conservés des
autres font maintenant partie des collections du Metropolitan Mu-
séum of art de New-\ork, et des spécimens de leurs principaux
types ont été déjà gravés dans la Revue archéologique de 1871 , 1872
et 1873, dans la Sammlung Cesnola de M. Dœll et dans l’ouvrage de
M. de Cesnola lui-même. Elles étaient très-nombreuses à l’origine,
avant la destruction du temple, le long des parois duquel elles
étaient rangées. M. Colonna-Ceccaldi a compté jusqu’à douze piédes-
taux doubles, ayant supporté chacun deux figures (6), plus beaucoup
de piédestaux simples dont il a fait connaître un échantillon (7).
Toutes les phases successives par lesquelles a passé la sculpture
(1) Melqarth , avec son nom hellénisé en
Malichas, était également associé à Aphrodite
dans le culte d’Amathonte ; vov. Engel, Kypros,
t. I, p. 170; t. II, p. 62-67.
(2) Sur l’assimilation établie par les inscriptions
bilingues entre le Rescheph phénicien et l’Apollon
grec, vov. Euting, Sechs phœnikische Inschriften
ans Idalion, commentaire de l’inscr. n» 1 ; Ph.
Berger, Revue critique, 26 février 1876, p. 139 ;
Clermont-Ganneau, Rev. archéol., 2e sér., t. XXXII
(1876), p. 374 et s.
(3) Pour le rôle de Rescheph-Apollon comme
dieu-fils dans les triades phéniciennes où il figure,
voy. Clermont-Ganneau, Rev. archéol., 2e sér.,
t. XXXII, p. 379.
(4) Ce téménos est mentionné dans une des
inscriptions cypriotes de la localité , où il est dit
que la dédicace a été faite i te-me-no-se, ce qui
serait, dans le grec ordinaire, t* ny-lni : Dœll,
Sammlung Cesnola, pl. xi, n° 1 ; M. Schmidt,
pl. xi, n<> 3; R. Neubauer, mém. cit., p. 682,
n° 6.
(5) Telles sont, du moins, les données fournies
par M. Hamilton Lang et M Colonna-Ceccaldi, le
premier témoin oculaire des fouilles. M. le général
de Cesnola (Cyprus, p. 128) nie aujourd’hui l’exis-
tence du temple circulaire et n’admet qu’un
groupe de 32 statues élevées en plein air dans le
téménos, à l’endroit où les deux savants que nous
venons de nommer ont cru reconnaître ses restes.
(6) Revue archéologique, 2° série, t. XXII
(1870-1871), p. 368.
(7) Ibid., p. 369.
lénique; mais il nous offre la traduction grecque de la triade divine
de Tyr, Astarté-Àphrodite, Melqarth-Hercule (1) et Rescheph-Apol-
lon (2), ce dernier jouant le rôle du dieu fils (3). L’adoration de cette
triade, dans un temple voisin de la ville essentiellement tyrienne de
CitTum, n’a rien que de tout à fait naturel.
On sait que dans l’enceinte sacrée ou téménos (4) d’Athienau,
M. de Cesnola a découvert les restes de deux sanctuaires construits
en briques crues qui, dédiés aux mêmes divinités, paraissent
s’être succédé, le second ayant été élevé quand le premier tombait
en ruines. Le plus ancien , dont les décombres étaient très-
informes, avait été bâti sur un plan circulaire (5); l’autre, dont
on a pu déterminer toutes les dispositions, dessinait un parallé-
logramme. C’est à l’intérieur de ce second temple que l’habile
explorateur des monuments de Cypre a découvert tout un peuple
de statues en pierre calcaire blanche, dont les dimensions varient
entre celles de la nature et de la demi-nature. Celles qui étaient
plus ou moins intactes et les fragments les mieux conservés des
autres font maintenant partie des collections du Metropolitan Mu-
séum of art de New-\ork, et des spécimens de leurs principaux
types ont été déjà gravés dans la Revue archéologique de 1871 , 1872
et 1873, dans la Sammlung Cesnola de M. Dœll et dans l’ouvrage de
M. de Cesnola lui-même. Elles étaient très-nombreuses à l’origine,
avant la destruction du temple, le long des parois duquel elles
étaient rangées. M. Colonna-Ceccaldi a compté jusqu’à douze piédes-
taux doubles, ayant supporté chacun deux figures (6), plus beaucoup
de piédestaux simples dont il a fait connaître un échantillon (7).
Toutes les phases successives par lesquelles a passé la sculpture
(1) Melqarth , avec son nom hellénisé en
Malichas, était également associé à Aphrodite
dans le culte d’Amathonte ; vov. Engel, Kypros,
t. I, p. 170; t. II, p. 62-67.
(2) Sur l’assimilation établie par les inscriptions
bilingues entre le Rescheph phénicien et l’Apollon
grec, vov. Euting, Sechs phœnikische Inschriften
ans Idalion, commentaire de l’inscr. n» 1 ; Ph.
Berger, Revue critique, 26 février 1876, p. 139 ;
Clermont-Ganneau, Rev. archéol., 2e sér., t. XXXII
(1876), p. 374 et s.
(3) Pour le rôle de Rescheph-Apollon comme
dieu-fils dans les triades phéniciennes où il figure,
voy. Clermont-Ganneau, Rev. archéol., 2e sér.,
t. XXXII, p. 379.
(4) Ce téménos est mentionné dans une des
inscriptions cypriotes de la localité , où il est dit
que la dédicace a été faite i te-me-no-se, ce qui
serait, dans le grec ordinaire, t* ny-lni : Dœll,
Sammlung Cesnola, pl. xi, n° 1 ; M. Schmidt,
pl. xi, n<> 3; R. Neubauer, mém. cit., p. 682,
n° 6.
(5) Telles sont, du moins, les données fournies
par M. Hamilton Lang et M Colonna-Ceccaldi, le
premier témoin oculaire des fouilles. M. le général
de Cesnola (Cyprus, p. 128) nie aujourd’hui l’exis-
tence du temple circulaire et n’admet qu’un
groupe de 32 statues élevées en plein air dans le
téménos, à l’endroit où les deux savants que nous
venons de nommer ont cru reconnaître ses restes.
(6) Revue archéologique, 2° série, t. XXII
(1870-1871), p. 368.
(7) Ibid., p. 369.