56 DE QUELQUES CYLINDRES ET CACHETS DE l’âSIE-MINEURE.
de grande dimension, en face des difficultés que la recherche des antiquités rencontre
aujourd’hui dans les pays orientaux; mais les plus petits objets ne sont pas toujours les
moins précieux ni les moins instructifs. Il y a tel cachet ou tel cylindre qui peut rassem-
bler sur son étroite surface plus de représentations et plus de faits, une plus grande
somme de vérité et de nouveauté qu’une stèle ou qu’un obélisque.
Parmi les personnes qui ont le plus contribué à former cette série, encore peu nom-
breuse, mais d’une rare valeur scientifique., je dois nommer surtout un archéologue
français fixé en Orient, M. A. Sorlin-Dorigny, qui est lauréat de notre Académie. Depuis de
longues années déjà il avait réuni plusieurs objets de cette catégorie, et il en avait parfai-
tement pressenti le caractère à part. Il les avait confiés à notre regretté confrère Adrien
de Longpérier, qui, après les avoir étudiés, se proposait de les publier, lorsque la mort
nous l’a si cruellement ravi. Plus tard, M. Dorigny, ne voulant pas que ces précieux
monuments quittassent la France, a eu l’idée patriotique d’en former une petite collec-
tion pour les offrir au Musée du Louvre. Qu’il veuille bien recevoir ici l’expression
publique de notre reconnaissance.
I.
Au nombre des antiquités faisant partie de ce don, se trouvent plusieurs petits
objets d’hématite, qui portent des figures gravées. Ils proviennent de la région d'Aïdin,
ville turque située, comme on sait, non loin de la position antique de Traites, sur
l’ancienne frontière de la Carie et de la Lydie, dans cette vallée du Méandre dont le
grand débouché vers la mer était la ville grecque de Milet. Au premier rang de la série,
il faut placer une sorte de cylindre, monument tout à fait rare et précieux, que j’ai déjà
signalé à l’Académie, dans ma communication sur une Etoffe chaldêenne b Je voudrais
aujourd’hui en donner une idée plus complète.
L’objet en lui-même est évidemment un dérivé des cylindres-cachets chaldéo-
babyloniens ; mais la forme et l'emploi sont déjà différents. D’abord le cylindre
n'est plus perforé d’axe en axe : il porte seulement, à son extrémité inférieure, une
légère dépression, qui est comme un souvenir de la perforation des cylindres ordinaires.
Un naturaliste dirait que c’est une marque d’atavisme, la trace embryonnaire d’une
fonction disparue. C’est surtout à la partie supérieure que la forme originelle s’est com-
plètement modifiée. De ce côté, le cylindre se termine par un cône à huit pans, dont
la pointe est aujourd’hui brisée; mais, si l’on en juge par d’autres cônes de la même
forme, cette extrémité devait porter un trou de suspension ou même une bélière fixe,
taillée dans l’hématite. Nous avons reçu récemment des mêmes régions de la Carie
un cône en pierre plus commune, avec cet anneau fixe très bien conservé. Il
1. Cette communication doit être publiée dans le numéro de mai-juin 1887 de la Revue archéologique.
de grande dimension, en face des difficultés que la recherche des antiquités rencontre
aujourd’hui dans les pays orientaux; mais les plus petits objets ne sont pas toujours les
moins précieux ni les moins instructifs. Il y a tel cachet ou tel cylindre qui peut rassem-
bler sur son étroite surface plus de représentations et plus de faits, une plus grande
somme de vérité et de nouveauté qu’une stèle ou qu’un obélisque.
Parmi les personnes qui ont le plus contribué à former cette série, encore peu nom-
breuse, mais d’une rare valeur scientifique., je dois nommer surtout un archéologue
français fixé en Orient, M. A. Sorlin-Dorigny, qui est lauréat de notre Académie. Depuis de
longues années déjà il avait réuni plusieurs objets de cette catégorie, et il en avait parfai-
tement pressenti le caractère à part. Il les avait confiés à notre regretté confrère Adrien
de Longpérier, qui, après les avoir étudiés, se proposait de les publier, lorsque la mort
nous l’a si cruellement ravi. Plus tard, M. Dorigny, ne voulant pas que ces précieux
monuments quittassent la France, a eu l’idée patriotique d’en former une petite collec-
tion pour les offrir au Musée du Louvre. Qu’il veuille bien recevoir ici l’expression
publique de notre reconnaissance.
I.
Au nombre des antiquités faisant partie de ce don, se trouvent plusieurs petits
objets d’hématite, qui portent des figures gravées. Ils proviennent de la région d'Aïdin,
ville turque située, comme on sait, non loin de la position antique de Traites, sur
l’ancienne frontière de la Carie et de la Lydie, dans cette vallée du Méandre dont le
grand débouché vers la mer était la ville grecque de Milet. Au premier rang de la série,
il faut placer une sorte de cylindre, monument tout à fait rare et précieux, que j’ai déjà
signalé à l’Académie, dans ma communication sur une Etoffe chaldêenne b Je voudrais
aujourd’hui en donner une idée plus complète.
L’objet en lui-même est évidemment un dérivé des cylindres-cachets chaldéo-
babyloniens ; mais la forme et l'emploi sont déjà différents. D’abord le cylindre
n'est plus perforé d’axe en axe : il porte seulement, à son extrémité inférieure, une
légère dépression, qui est comme un souvenir de la perforation des cylindres ordinaires.
Un naturaliste dirait que c’est une marque d’atavisme, la trace embryonnaire d’une
fonction disparue. C’est surtout à la partie supérieure que la forme originelle s’est com-
plètement modifiée. De ce côté, le cylindre se termine par un cône à huit pans, dont
la pointe est aujourd’hui brisée; mais, si l’on en juge par d’autres cônes de la même
forme, cette extrémité devait porter un trou de suspension ou même une bélière fixe,
taillée dans l’hématite. Nous avons reçu récemment des mêmes régions de la Carie
un cône en pierre plus commune, avec cet anneau fixe très bien conservé. Il
1. Cette communication doit être publiée dans le numéro de mai-juin 1887 de la Revue archéologique.