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Champeaux, Alfred de; Gauchery, Paul: Les travaux d’architecture et de sculpture, [3]: exécutés pour Jean de France, duc de Berry
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0228
200 TRAVAUX D’ARCHITECTURE ET DE SCULPTURE DU DUC DE BERRY.
dantson séjour en Berry, et c’est dans cette demeure provisoire que naquit le futur roi
de France Louis XI.
Nous mentionnerons deux paiements relatifs à l’installation temporaire du duc.
Colin de Villars, maître des œuvres de charpenterie, fut chargé, en 1370, de fournir
plusieurs poutres et dix pièces de merrain pour les réparations de l’hôtel de l’arche-
vêque de Bourges où Monseigneur et Madame étaient venus faire leur demeurance1. En
même temps, Pierre le Verrier appareillait les verrières de cet hôtel.
Les constructions élevées à Bourges par le duc de Berry formaient un ensemble
imposant. Le grand palais placé parallèlement à la muraille romaine s’étendait du nord
au sud sur un développement de plus de cent mètres de longueur. A l’extrémité septen-
trionale de ce rectangle se trouvait un portique d’entrée désigné sous le nom de galerie
du cerf, et en retour, la sainte chapelle avec ses dépendances. Au sud il était prolongé
par les bâtiments du petit palais qu’entouraient de nombreux communs.
Le grand palais comprenait trois salles d’inégales dimensions. La plus importante
formait une longue galerie appelée « la grande salle », la plus vaste du royaume, si l’on
en excepte celle du palais de Paris dont la disposition en double voûte en berceau
était différente. La grande salle s’élevait au dessus d’un sous-sol à trois galeries paral-
lèles voûtées en pierre et destinées à racheter la différence de niveau existant entre le
sol du faubourg d’Auron et celui de la ville. Ce sous-sol, formant rez-de-chaussée du côté
du faubourg, servait de remises et de caves à provisions. Il surmontait les substructions
d’un édifice romain très étendu, qui avaient été remblayées lors des travaux ordonnés
par le duc de Berry. La grande salle mesurait intérieurement 51 m. 20 c. de longueur
sur 16 m. 35 c. de longueur et 24 m. de hauteur sous clé. Elle était appuyée par qua-
torze contreforts terminés par des pinacles émergeant d’une balustrade en pierre ajou-
rée. La merveille de cette salle était sa charpente apparente sans poutres ni tirants,
dit une ancienne description qui semble très exacte. La perspective de cet immense
vaisseau n’était coupée par aucune pièce de bois ; la voûte en était lambrissée et des
ligures d’anges décoraient les intersections et les extrémités des nervures. Il faut aller
en Angleterre pour retrouver ce mode de charpenterie, dont le plus beau modèle existe
dans la grande salle de AVesminster. Peut-être le duc de Berry avait-il été frappé par la
beauté de cette voûte durant sa captivité et avait-il désiré la faire reproduire à Bourges?
Sept foyers chauffaient la grande salle. La principale cheminée à trois âtres, appli-
quée sur le pignon, rappelait par ses dispositions celle que Guy de Dammartin avait
construite à Poitiers, mais le pignon de la grande salle de Bourges formant mur de
refend, l’arcature ajourée de Poitiers avait été remplacée par une décoration composée
de pilastres, d’arcs en tiers point et de gables fleuronnés. On voyait encore en 1800, les
arrachements de cette immense cheminée dont il ne reste aujourd’hui que des fragments
d’arcatures.
1. Archives nationales, K. K., 251, p. 35.
dantson séjour en Berry, et c’est dans cette demeure provisoire que naquit le futur roi
de France Louis XI.
Nous mentionnerons deux paiements relatifs à l’installation temporaire du duc.
Colin de Villars, maître des œuvres de charpenterie, fut chargé, en 1370, de fournir
plusieurs poutres et dix pièces de merrain pour les réparations de l’hôtel de l’arche-
vêque de Bourges où Monseigneur et Madame étaient venus faire leur demeurance1. En
même temps, Pierre le Verrier appareillait les verrières de cet hôtel.
Les constructions élevées à Bourges par le duc de Berry formaient un ensemble
imposant. Le grand palais placé parallèlement à la muraille romaine s’étendait du nord
au sud sur un développement de plus de cent mètres de longueur. A l’extrémité septen-
trionale de ce rectangle se trouvait un portique d’entrée désigné sous le nom de galerie
du cerf, et en retour, la sainte chapelle avec ses dépendances. Au sud il était prolongé
par les bâtiments du petit palais qu’entouraient de nombreux communs.
Le grand palais comprenait trois salles d’inégales dimensions. La plus importante
formait une longue galerie appelée « la grande salle », la plus vaste du royaume, si l’on
en excepte celle du palais de Paris dont la disposition en double voûte en berceau
était différente. La grande salle s’élevait au dessus d’un sous-sol à trois galeries paral-
lèles voûtées en pierre et destinées à racheter la différence de niveau existant entre le
sol du faubourg d’Auron et celui de la ville. Ce sous-sol, formant rez-de-chaussée du côté
du faubourg, servait de remises et de caves à provisions. Il surmontait les substructions
d’un édifice romain très étendu, qui avaient été remblayées lors des travaux ordonnés
par le duc de Berry. La grande salle mesurait intérieurement 51 m. 20 c. de longueur
sur 16 m. 35 c. de longueur et 24 m. de hauteur sous clé. Elle était appuyée par qua-
torze contreforts terminés par des pinacles émergeant d’une balustrade en pierre ajou-
rée. La merveille de cette salle était sa charpente apparente sans poutres ni tirants,
dit une ancienne description qui semble très exacte. La perspective de cet immense
vaisseau n’était coupée par aucune pièce de bois ; la voûte en était lambrissée et des
ligures d’anges décoraient les intersections et les extrémités des nervures. Il faut aller
en Angleterre pour retrouver ce mode de charpenterie, dont le plus beau modèle existe
dans la grande salle de AVesminster. Peut-être le duc de Berry avait-il été frappé par la
beauté de cette voûte durant sa captivité et avait-il désiré la faire reproduire à Bourges?
Sept foyers chauffaient la grande salle. La principale cheminée à trois âtres, appli-
quée sur le pignon, rappelait par ses dispositions celle que Guy de Dammartin avait
construite à Poitiers, mais le pignon de la grande salle de Bourges formant mur de
refend, l’arcature ajourée de Poitiers avait été remplacée par une décoration composée
de pilastres, d’arcs en tiers point et de gables fleuronnés. On voyait encore en 1800, les
arrachements de cette immense cheminée dont il ne reste aujourd’hui que des fragments
d’arcatures.
1. Archives nationales, K. K., 251, p. 35.