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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Martha, Jules: Note sur une sirène en terre cuite trouvée à Vulci: (cabinet des médailles)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0306

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270 NOTE SUR UNE SIRÈNE EN TERRE CUITE TROUVEE A VULCI.

mage agréable l’hymne que chantent les vivants en l’honneur de ceux qui ne sont plus b
Plutarque, recueillant sans doute des traditions anciennes, va même jusqu’à faire des
Sirènes des divinités psychopompes dont le chant guide les âmes errantes, leur inspirant
par ses délicieuses harmonies l’oubli du périssable et l’amour du divin1 2.

Enfin la Sirène semble avoir été quelquefois aussi conçue connue le symbole de l’âme
elle même, celle-ci paraissant, sur un certain nombre de monuments figurés, sous la
forme d’un oiseau à tète humaine3.

Voilà bien des interprétations pour un seul symbole. Laquelle est la vraie? Peut-
être le sont-elles toutes également. Les symboles, en effet, ne répondent pas à quelque
chose de bien défini. Sous leurs apparences simples, ils sont infiniment complexes. Ils
n’existent que là où il y a du mystère et du vague. Leur essence est d’offrir une sorte de
point de ralliement à des pensées errantes et de cristalliser pour ainsi dire autour de
certaines formes convenues une multitude d’impressions confuses, d’aspirations incons-
cientes, tout un monde obscur d’inquiétudes, de terreurs, de douleurs, d’espérances
comme en éveille dans le cœur humain l’idée religieuse ou la vue de la mort. Et c’est
précisément à leur complexité presque insaisissable qu’ils doivent de durer si long-
temps, chaque âge pouvant y trouver l’expression suffisante de ses propres croyances et de
ses propres sentiments. 11 est donc parfaitement possible d’admettre que la Sirène ait
eu plusieurs sens et qu’elle se soit perpétuée à travers les siècles comme un symbole à
plusieurs faces, se rapportant tantôt à l’idée des regrets, tantôt à celle d’une force mal-
faisante et meurtrière, tantôt à celle du monde infernal, tantôt à celle de l’immortalité.

A ce point de vue, on peut le comparer à un autre symbole funéraire, très répandu
en Grèce et en Italie, à celui du banquet. Gomme l’a très bien montré M. Percy Gardner 4,
le banquet rappelle à la fois, d’une part, le souvenir des repas (vsxôara) offerts aux morts
par les survivants; d’autre part, la croyance à l’immortalité bienheureuse du défunt
héroïsé et admis aux honneurs d’un lectisterne divin. De là vient la diversité des tableaux
qui nous présentent la scène du banquet, diversité inexplicable si l’on veut s’en tenir
à une seule et unique interprétation, mais qui n’a rien que de très naturel, si l’on songe
que les imaginations antiques, hantées tantôt par le souvenir des vexüuia, tantôt par
Pidée de l’héroïsation, pouvaient aussi bien concevoir le banquet sous une forme réelle
que sous une forme idéale, tout en restant plus ou moins fidèles au thème traditionnel.
Le symbole était dans le sujet lui-même et non pas dans la manière de le traiter.

Jules MARTLIA.

1. Euripide, Hélène, vers 170 seq.

2. Plutarque, Quœst. conviv. IX. 14, p. 746.

3. Collignon, Essai sur les monuments relatifs au mythe

de Psyché, p. 44-15. Cf. une des plaques de Cervetri citées
plus haut (Dennis, I, p. 262).

4. Journal of hellenic studies, 1834, p. 105 et suiv.
 
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