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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.1859

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Lagrange, Léon: Des expositions provinciales d'objets d'art et de curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.16987#0094

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solennités créées dans le but de pourvoir à la satisfaction des besoins
matériels ne dégénérassent en fêtes de la matière. Certes l'amélioration
des bêtes a son prix. L'amélioration des gens vaut peut-être mieux encore*
Il est bon d'avoir l'œil sur le sillon que trace la charrue, parce que du sillon
sort le pain qui fait vivre. Mais l'homme ne vit pas seulement de pain.
Dieu lui a fait une destinée plus liante :

Cœlumque tueri
Jussit, el erectos ad sidera tollere vultus.

Or, pour élever l'homme à la conception du beau, les expositions
d'œuvres d'art sont évidemment plus efficaces que les expositions agricoles.
Jamais les plus étonnants spécimens des races bovine, ovine et porcine
n'auront une influence directe sur l'esprit humain. Au contraire l'aspect
de tableaux, même médiocres, force à réfléchir les plus ignorants. En pré-
sence d'un objet d'art l'intelligence lapins obtuse s'étonne et se demande
d'où l'homme tient un pareil pouvoir, le talent de reproduire la nature, la
vie, de faire œuvre de créateur, comme Dieu.

La réunion au même chef-lieu des exhibitions d'agriculture, d'indus-
trie et d'art offre plus d'un avantage pratique. Et d'abord il est rare
qu'une ville de second ordre renferme à elle seule assez d'objets d'art
pour que leur assemblage présente un intérêt sérieux. La région agricole
comprenant plusieurs départements limitrophes, le cercle des exposants
s'accroît en proportion ; l'exposition ne peut qu'y gagner en richesse. De
plus la difficulté, en province, est moins peut-être de rassembler une col-
lection de tableaux que de lui trouver un public. Grâce au concours agri-
cole, ce public existe. Tel qui ne se dérangerait pas dans le but de voir
des peintures vieilles ou neuves, fait plusieurs lieues pour contempler une
réunion de bœufs bien engraissés, une machine à casser des noix, du
pain de betterave ou du guano. Or, une fois dans la ville où se produisent
de telles merveilles, on ne s'en va pas sans avoir tout vu, et l'on entre
volontiers à l'exposition des tableaux, dût-il en coûter quelque chose.

11 serait donc à désirer que ce qui n'a été, en 1858, qu'une innovation
partielle, devînt à l'avenir une mesure générale. Et comme, en ce beau
pays de France, on ne saurait rien faire de bon si le gouvernement ne
donne le branle, ce serait au gouvernement à comprendre désormais dans
le programme des concours régionaux une exposition de peinture. L'invi-
tation officielle suppléerait ainsi au peu d'initiative de certaines munici-
palités.

Quant à l'utilité générale de ce genre d'expositions, elle n'est pas à
 
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