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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.1859

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Salon de 1859, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16987#0193

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SALON DE 1859

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Un pieux usage, qui a presque aujourd'hui l'autorité d'une loi, permet
aux organisateurs des expositions de peinture d'admettre parmi les œuvres
nouvelles les dernières productions des artistes morts pendant l'année
qui a précédé l'ouverture du Salon. Ainsi se prolonge pour les absents la
lutte qu'ils ont aimée; ainsi, ils viennent, combattants posthumes, pren-
dre place à côté des vivants, et disputer avec eux une palme qui, si elle
leur est acquise, ne fleurira que sur un tombeau.

A la liste douloureuse des maîtres, illustres ou charmants, dont les
œuvres ont joui de ce triste privilège, s'ajoute aujourd'hui le nom de Léon
Benouville qui, lui aussi, est mort avant la fête et dans sa plus verte espé-
rance. Cette fin, si brusque et si peu prévue, donne aux derniers tableaux
du jeune peintre une sorte d'intérêt mélancolique, et modifie gravement le
point de vue où la critique doit se placer. Vivant, Benouville eût pu être
discuté; mort, il n'a que faire de nos conseils stériles, et ne demande
plus que des regrets. Hélas ! sa vie d'artiste tient entre deux dates bien
voisines l'une cle l'autre. Grand prix cle Rome en 18/i5, il meurt en 1859,
c'est-à-dii e qu'il n'a pas eu quatorze ans d'activité et de vrai labeur. Si
Fart est difficile pour ceux qui vivent leurs jours complets, qu'est-il donc
pour ceux qui, frappés avant l'heure, ont à peine eu le temps de déchiffrer
les premières lignes du livre mystérieux de la beauté?

Les peintures que Benouville destinait au Salon, et qu'il n'est plus là
pour expliquer ou pour défendre, révèlent toutes trois un loyal effort. La
Sainte Claire recevant le corps de saint François d'Assise rappelle, par le
choix du sujet, sinon par l'exécution, le tableau auquel le jeune peintre avait
du son succès le plus franc, et qui, maintenant que sa main est à jamais
glacée, restera la plus forte comme la plus tendre de ses œuvres. La Mort
de saint François d'Assise, exposée en 1853, marque, dans la courte vie
de Léon Benouville, un point de perfection relative qu'il ne lui a pas été
 
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