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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.1859

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Nr. 4
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Monti, Raffaele: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.16987#0240

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CORRESPOND A N( ! E PA 1^1 ICUL1 È R E

DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Londres, 9 mai 1859.

Nous voici en pleine moisson. Laissant, pour cette fois, do coté l'exposition dos
deux sociétés dos peintres à l'aquarelle, je vous dirai que l'Académie royale de Londres
vient d'ouvrir au public sa 91e Exposition. En 1768, c'est-à-dire lorsque l'Académie
était seule dans la lice, le nombre des ouvrages exposés fut de 136 seulement : aujour-
d'hui que les institutions rivales se pressent dans le champ clos, le nombre des ouvra-
ges exposés par l'Académie royale de Londres ne s'élève pas à moins de 1382, prove-
nant de 847 artistes, parmi lesquels 68 dames. Voilà, en chiffres, le progrès de l'arl
depuis cent ans.

Que si nous avions à passer en revue tous les autres établissements de ce genre
dans la capitale seule, il nous faudrait enregistrer 4,500 tableaux, dessins, gravures,
miniatures, aquarelles, statues, bustes et bas-reliefs, produit de l'art anglais pendant la
dernière année. Encore est-il à noter qu'autrefois la majorité des tableaux mis sous
les veux du public ne se composait que d'ébauches conventionnelles et fantastiques, ce
qui est loin d'être le cas aujourd'hui.

Ce progrès, dont les traits caractéristiques sont une observation plus stricte de la
realité, un coloris plus ferme et un plus grand soin apporté dans l'exécution, témoigne
de l'influence, directe ou indirecte, de l'école connue maintenant sous le nom de préra-
phaélite. On ne saurait nier toutefois que la manière d'opérer de cette école ne ressemble
bien souvent, à celle de la médecine qui ne nous sauve la vie qu'à la condition d'offen-
ser impitoyablement notre goût. Nul doute que le préraphaélisme ne nous ait délivrésdu
fléau des toiles barbouillées et insipides, mais on doit avouer qu'il nous fait payer cette
faveur bien cher, en nous présentant, sous couleur de régénération, plus d'objets ré-
pulsifs et ridicules qu'on n'en peut digérer, même avec un bon estomac. En vérité, l'on
dirail que ces messieurs se sont donné pour mission de reproduire exclusivement, au
moyen de l'art, ce que la nature a de plus difforme. Ce culte du hideux a-t-il sa source
dans la fureur malsaine d'innover coûte que coûte ? Ou bien, trouve-t-on piquanl d'op-
poser exagération à exagération? Ce qui est sur, c'est que nos réformateurs fonl l'im-
possible pour être utiles sans qu'on leur en sache gré, et je les comparerais volontiers
à un médecin qui, en train de guérir son malade, s'amuserait à le narguer.

Non que la réaction se soit toujours produite, depuis qu'elle a commence, sous la
forme d'une moquerie ou d'un défi : dans les exposition^ précédentes, par exemple,
 
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