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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.1859

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Emiliani-Giudici, Paolo: Les fresques de San Gemignano
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https://doi.org/10.11588/diglit.16987#0171

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GAZETTE DES BEAUX-A RTS. 171

rencontrer à chaque pas un grand nombre d'œuvres dont quelques-unes
sont vraiment monumentales, et qui se trouvent disséminées dans toute
celle belle partie de la Péninsule. On se demande d'abord si, depuis Giotto
jusqu'à Michel-Ange, la Toscane a compté ses artistes non par individus,
mais par troupes. Il n'y a pas d'église de si humble apparence, il n'y a
pas de chapelle de village qui ne renferme des œuvres dignes de figurer
dans les plus célèbres musées de l'Europe. Combien sont perdues, pour-
tant! Sans compter les ouvrages très-nombreux qu'on a laissés périr parce
qu'ils appartenaient à l'art qui a précédé Raphaël, et que l'on appelait
barbares, combien d'œuvres d'art de toute espèce, et de peintures en par-
ticulier, sont depuis cinquante ans sorties de la Toscane, pour aller enri-
chir les galeries publiques et privées du monde entier ? Pour bien com-
prendre les miracles accomplis dans les arts par les républiques italiennes,
au moyen âge, il ne suffit pas d'observer les villes principales : il faut vi-
siter les petits bourgs et jusqu'aux plus humbles villages ; c'est seulement
ainsi qu'il est possible de se former une idée juste et complète de la Tos-
cane.

Entre les collines de la Yaldetsa, aux aspects variés, couvertes
d'arbres et de rustiques maisons, s'élève, au sommet du Majeur, la ville
de San Gemignano, ceinte d'une couronne de tours que domine la tour
majestueuse de la Commune. Nous ne nous arrêterons pas aux traditions,
nées dans des siècles d'ignorance et nourries par l'orgueil national, qui
attribuent à cette petite ville une origine romaine. Ce qui est certain,
c'est que pendant les guerres constantes entre l'Église et l'Empire au
xne siècle, quand les populations italiennes se renfermèrent dans des
villes entourées de murs, et consolidèrent vaillamment leur liberté, San
Gemignano se constitua en commune, et commença à se gouverner démo-
cratiquement. Puis, lorsqu'elle eut complètement secoué le joug del'évêque
de Yolterra, la ville eut ses lois, ses industries, son commerce. Elle entra
dans la ligue des Guelfes comme État indépendant, et eut l'honneur de
recevoir le grand Dante comme ambassadeur des Florentins. Elle a eu sa
page enfin dans les annales italiennes, pendant les guerres qui se livrèrent
de ville à ville au xivG siècle. En 1353, San Gemignano perdit son indépen-
dance, et à partir de cette époque, incorporé à la république florentine,
partagea toutes ses vicissitudes politiques. C'est à l'époque de sa liberté
qu'appartiennent ses monuments, car l'époque de la principauté ne rap-
pelle que dégâts, mutilations ou destructions complètes; cependant,
grâce à la petitesse même du pays, grâce à sa situation éloignée de la
route que parcouraient ordinairement les troupes étrangères durant les
guerres dévastatrices entre les rois de France et les empereurs d'Aile-
 
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