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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 4
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Galichon, Émile: École allemande: Albert Dürer sa vie et ses oeuvres
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0218

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ALBERT DURER. 211

firent leurs portraits sur un même panneau, dit Karel Van Mander, pour
montrer par là combien ils s'estimaient mutuellement. Albert admirait
fort les œuvres de son jeune émule, et il échangea, à quelques jours de
là, pour huit florins d'objets d'art contre une impression entière des es-
tampes de Lucas de Leyde.

La disgrâce d'Albert Durer fut bientôt connue à Anvers, et dès lors
ce grand artiste ne trouva plus, même en cette ville, des amis aussi em-
pressés qu'autrefois. Dans ses notes, Albert Durer ne parle plus désor-
mais de réceptions flatteuses ou de fêtes brillantes ; aussi les mots amers
reviennent-ils sans cesse au bout de sa plume. Il se plaint de toutes les
classes de la société, « qui lui ont fait subir des dommages dans tout ce
qu'il avait entrepris : dépenses, ventes et autres actions. » Il se plaint
surtout de madame Marguerite, dont il ne reçut jamais rien pour tout
ce qu'il lui avait fait ou donné. Ce portrait du roi Charles, qu'il avait
peint pour elle, il l'échangea contre une toile d'Angleterre, au gendre
de Tomasin, qui était resté fidèle à son amitié.

Albert Durer, mécontent, se prépara à quitter les Pays-Bas. Déjà il
avait expédié plusieurs caisses d'objets d'art, qu'il comptait vendre à
Nuremberg; Alexandre Imhof, riche orfèvre, lui prêta 100 florins d'or,
pour payer toutes ces acquisitions, et Albert Durer engagea sa signature,
qui devait lui être rendue à Nuremberg contre remboursement, avec in-
térêts. Il s'apprêtait à partir lui-même, lorsqn'arriva à Anvers le roi de
Danemark, Christian II. Ce prince ayant appris qu'Albert Durer était
encore à Anvers, l'envoya aussitôt chercher pour lui commander son por-
trait. Il le reçut avec bienveillance et le retint à dîner. Albert Durer crut
alors que la fortune lui revenait, et que, sous le patronage de ce prince, il
allait revoir les beaux jours d'autrefois. Il changea ses projets, et, au lieu de
se rendre à Cologne, il accompagna le roi à Bruxelles. Christian II l'invita à
un festin auquel assistèrent l'empereur, madame Marguerite et la reine
d'Espagne. Malgré la protection que lui accordait Christian II, aucun de ces
grands personnages ne lui adressa la parole, et Albert Durer comprit ce
que signifiait ce silence. Il ne resta à Bruxelles que juste le temps néces-
saire pour trouver une voiture, et deux jours ne s'étaient point écoulés
qu'il partit pour Nuremberg, l'âme triste et découragée.

Peu après leur arrivée en cette ville, Hans Frey, beau-père d'Albert
Durer, s'éteignit le 29 septembre, et deux ans plus tard sa belle-mère
mourut aussi. Ces pertes successives laissaient Albert Durer seul avec son
épouse, dont le caractère devenait chaque jour plus acariâtre et plus
querelleur. Toujours tourmentée du besoin d'acquérir, elle allait partout
criant misère et contraignant durement son mari à se livrer à un travail
 
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