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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 5
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Blanc, Charles: La Société des Arts-Unis
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0267

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258 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

hommes qu'on appelait, au temps de Poussin, des vertueux (virtuosi), et,
au temps de Boucher, des curieux.

Ce personnel intelligent, aimable, instruit, qui forme aux artistes
comme une vaste et noble parenté, a été jusqu'à présent dépourvu d'un
centre commun, d'un lieu de réunion fait pour lui et pour lui seul. La pro-
vince, plus avancée sous ce rapport que Paris, a déjà groupé dans tous ses
chefs-lieux les hommes que rapprochaient naturellement leurs goûts, leurs
découvertes locales et leurs richesses relatives. Ainsi, partout en France,
nous voyons s'ouvrir de belles expositions qui ont été provoquées et orga-
nisées par des sociétés d'amateurs. Lyon, Bordeaux, Marseille, Montpellier,
Strasbourg, Rennes, Rouen, Besançon, Amiens, Troyes, Dijon, Chartres,
Nantes et vingt autres villes, sans attendre l'initiative qui, autrefois, leur
venait du gouvernement, sont parvenues à se procurer un local convenable,
à se constituer un fonds pour l'acquisition des objets d'art, et à se créer
des relations suivies entre elles et avec les sociétés des autres pays. Qui
le croirait? c'est à Paris que les choses vont, en ce genre, le plus mal. Le
seul endroit où les amateurs et les artistes aient la chance de se rencon-
trer, c'est l'hôtel Drouot, véritable arche de Noé ouverte à toutes les igno-
rances, encombrée d'avides spéculateurs, infectée d'odeurs nauséabondes,
et qu'envahit de bonne heure une foule bigarrée de millionnaires, de bro-
canteurs et de gens d'esprit, çà et là panachée de faux curieux, en un
mot cette clientèle du marteau d'ivoire qui a été tant de fois et si vive-
ment peinte par notre collaborateur, M. Ph. Burty. De temps à autre on
se retrouve encore individuellement, soit au Louvre, soit dans les Salons
qu'improvise la nécrologie des illustres, ou qu'invente la pensée d'une
bonne œuvre. Mais, nulle part, les personnes qui ont le goût des belles
choses et qui trouvent du plaisir à en parler, ne peuvent se réunir d'une
manière permanente et agréable, dans ces conditions de bien-être, d'élé-
gance et de confort, où l'on doit avoir en même temps autant d'aise que
chez soi et autant de réserve que chez les autres.

Il existe, à la vérité, quelques sociétés déjà anciennes formées par les
Amis des Arts] mais ces sociétés, au lieu de s'étendre, se sont peu à peu
restreintes et sont tombées en désuétude ; on eût dit qu'elles travaillaient à
se faire oublier. Leur capital, qui allait toujours en diminuant, n'a servi
depuis longtemps qu'à encourager quelques médiocrités estimables, et à
l'acquisition de ces petites œuvres désignées par une estampille bien
connue, aux honneurs d'une obscure loterie. Il était vraiment temps que
l'on fondât à Paris, sur de larges bases, une société destinée à vivre d'une
existence brillante, capable de grandir, de se répandre et de donner l'im-
pulsion, au lieu d'y résister.
 
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