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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Darcel, Alfred: La collection Louis Fould
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0287

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278 GAZETTE DES BEAUX-ART S.

" teinte ou composés d'éléments de couleurs diverses, lisses ou avec reliefs,
aussi parfaits qu'au jour où ils sont sortis des mains de l'ouvrier, ou
bien couverts de ce chatoyant iris qui leur donne une perfection nou-
velle, tout atteste chez les ouvriers grecs et romains, en même temps
qu'un goût exquis, une habileté prodigieuse dans la fabrication. Pour
citer quelques pièces remarquables parmi tant de petits chefs-d'œuvre
qui nous sollicitent, nous nous arrêterons à deux soucoupes formées de
la réunion d'une foule de tronçons de baguettes de verre soudées en-
semble. Dans l'une, les baguettes sont vertes, ornées d'une mince spi-
rale jaune qui se développe du centre à la circonférence, et violettes avec
la même spirale en verre blanc opaque. Dans l'autre, au lieu d'être con-
tournée en spirale, la mince lame de verre coloré s'irradie en partant du
centre de la baguette. Heureusement déformés par la cuisson, tous ces
tronçons sont soudés avec mille accidents divers, et semblent baigner dans
une pâte passant par des nuances insensibles du vert au violet, comme ces
nodules que forme la nature dans la pâte transparente et variée des agates
naturelles.— Une fiole composée de bandes alternées de vert-turquoise, de
bleu et d'or incorporé dans la pâte ; une grande urne en verre bleu granité
de taches blanches; un bol conique d'un violet fuligineux; une belle ai-
guière à anse d'une forme parfaite, en verre blanc strié de quelques filets
en saillie sur le col, compléteront ce qu'il nous est permis de citer.

Quelques pâtes moulées en camées supportent fort bien le voisinage
des pierres naturelles, tant à cause du style et de la perfection des mo-
dèles, que de l'iris qui miroite sur quelques-uns. Une tête de Méduse en
verre bleu, un quadrige, une bacchante dansant, et surtout une tête ailée
se détachant en blanc sur un fond bleu, verre ciselé ou empreinte d'une
netteté merveilleuse, y sont surtout remarquables.

Si nous avions la moindre notion de la théogonie égyptienne et le goût
de l'art égyptien, le premier peut-être des arts décoratifs, mais aussi clos
pour nous que les hiéroglyphes, nous pourrions parler d'une foule de sta-
tuettes et de simulacres en bronze, en terre émaillée de vert ou de bleu,
en pierres dures. Mais, qu'on nous permette de l'avouer sincèrement et en
notre seul nom : la déesse Pacht au mufle de lion, le dieu Osiris à tête hu-
maine, sphinx, chats ou ibis, tous ces simulacres, souvent précieux par le
travail, emprisonnés dans la matière comme dans une enveloppe hiéra-
tique, immobiles quand tout se meut, s'ils disent quelque chose aux
adeptes, ne sauraient rien nous dire, lorsqu'ils sont isolés des monuments
qui leur doivent une partie de leur grandeur. On nous pardonnera donc
d'être muet à leur égard comme ils le sont pour nous, et de supposer
qu'il y a là une foule de choses précieuses dont la valeur nous échappe.
 
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