Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (6.1860)

EXPOSITION DE MONTPELLIER. 309

venant du cabinet de AL Michel, de Marseille, le plus curieux est un grain
de Patenostres en buis, sculpté en trois faces : la Santé, la Maladie et la
Mort. Ici encore l'attribution est faite à Albert Durer : elle est du moins
plus spécieuse que celle du diptyque. S'il n'est pas prouvé que Durer ait
réellement mis la main à un ouvrage de sculpture, il a pu fournir des
dessins à des praticiens habiles, et on retrouve ici les caractères de son
dessin.

Un objet des plus rares est le médaillon en cire du cabinet de
M. Yionnois; il représente une jeune dame à figure poupine, au nez re-
troussé, aux cheveux blonds arrangés sur le devant de la tête, en colle-
rette et robe noire. C'est, dit-on, le portrait de Marie de Médicis ; il se
rapporte peu, cependant, aux portraits que nous connaissons de cette
reine, qui la représentent plus âgée et autrement coiffée. La cire a suj)i, dans
quelques parties des détériorations fâcheuses; mais elle est encore con-
tenue dans sa boîte de métal doré et ciselé, avec un sujet allégorique, de
travail italien. Cent autres objets, que je ne nomme pas, excitent l'atten-
tion de nombreux visiteurs, et surtout des dames, qui admettent volon-
tiers aujourd'hui, dans leur luxe, un émail de Laudin, un manuscrit de
Jarry, un coffret de Boule et un tête-à-tête de Sèvres.

Nous sommes si riches à Montpellier en tous ces joujoux de l'art,
que les salons, comme les magasins, ont pu contribuer à la parure de
l'Exposition.

\ VVIER NOGARET.