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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Blanc, Charles: La Fontaine Saint-Michel
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https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0050

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LA FONTAINE SAINT-MICHEL. /(5

caractère. Puis, pour nous, un monument soumis aux exigences de
l'alignement, et d'un alignement oblique, est condamné d'avance. La
fontaine Molière l'avait démontré jadis, et ce précédent était assez fâcheux
pour qu'il fût permis de supposer que l'on éviterait de renouveler l'en-
treprise. De quelque côté que se place le spectateur, le monument, à
cause des angles obtus que forment ses façades, se présente à lui d'un
air gauche; les perspectives fuyantes étant faussées, les lignes semblent
manquer d'aplomb. Puis ces façades latérales étant nécessairement verti-
cales, afin de cacher les maisons adjacentes, empêchent le monument de
pyramider, quoiqu'on en ait; résultat d'autant plus fâcheux que la hau-
teur est considérable et que la difficulté est grande cle garnir ce vaste
champ où les retraites et les saillies sont interdites sur les extrémités.

Enfin une fontaine, surtout quand elle lance des torrents d'eau, peut-
elle être adossée à des maisons? Oui, si l'architecture n'est qu'un caprice;
non, si elle est un art raisonné. Que suppose, en effet, un édifice dans le
genre de la fontaine Saint-Michel? Une chute d'eau amenée par un canal
débouchant d'une montagne dont cet édifice cache les flancs, ou, pour le
moins, un réservoir. Sans cela on ne s'expliquerait ni cette eau qui tombe
en cascade, ni ce grand mur sans ouvertures qui en domine le point de
sortie. Avancez; passez derrière cette construction, vous reconnaîtrez que
ce n'est qu'une façade et qu'il n'y a ni canal ni réservoir dans les maisons
banales placées en arrière. Ces nappes liquides qui semblent s'épandre
d'un rocher y montent au contraire par des tuyaux souterrains, et ce
rocher pourrait être isolé au milieu de la place que l'eau n'en sortirait
pas moins. Il fallait donc isoler cette fontaine. Le résultat eût été d'ac-
cord avec la nature des choses et l'on n'eût point tenté d'accomplir une
œuvre condamnée d'avance par l'expérience et parle raisonnement; c'est-
à-dire une fontaine adossée à des maisons, et un monument s'alignant
avec des façades obliques.

Examinons maintenant comment M. Davioud s'est acquitté de la tâche
dont on l'a chargé et dont il est, après tout, responsable. Voyons quel
ensemble il a su réaliser avec ces assises entassées les unes par-dessus les
autres jusqu'au faîte le plus élevé des sept étages qui composent les mai-
sons parisiennes.

Le monument se divise en quatre grandes sections horizontales : un
soubassement contre lequel s'appuient plusieurs séries de vasques con-
centriques ; un ordre de quatre colonnes corinthiennes en saillie sur le nu
du mur, placées deux à deux de chaque côté d'une grande niche; une
frise que surmonte un attique; puis, au centre seulement, un panneau
dominé d'un fronton brisé. Suivant le sens vertical, c'est en trois divi-
 
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