DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Thoré, Théophile: Exposition générale des Beaux-Arts à Bruxelles
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0093
EXPOSITION GÉNÉRALE DES BEAUX-ARTS
A BRUXELLES
Gomme il n'y avait pas de Salon à Paris cette année, beaucoup d'ar-
tistes français ont envoyé à l'Exposition de Bruxelles des œuvres récem-
ment terminées, et qui ont l'intérêt de la nouveauté. Les Anglais, qui ne
risquent guère leurs peintures sur le continent, ont aussi envoyé h
Bruxelles plusieurs tableaux signés de noms célèbres. Pour les Hollandais
et les Allemands, ils ont l'habitude de se mêler à leurs voisins de l'école
flamande. L'Exposition de Bruxelles a donc un certain caractère euro-
péen, et c'est peut-être la plus riche qui ait jamais eu lieu dans cette
ville. Les journaux belges en publient des comptes rendus assez détaillés.
Ici nous ne pouvons que signaler quelques tableaux où se révèlent des
qualités originales, comme sentiment et comme exécution.
Sauf M. Gallait et M. Levs, on rencontre au Salon de Bruxelles
presque tous les peintres belges qui ont de la réputation chez eux, et
même au dehors : M. Yerboeckhoven, M. van Schendel, M. de Biefve, et
d'autres. Nous n'avons rien à voir dans leurs productions, chèrement
payées par une classe de naïfs collectionneurs, ni dans quantité d'œuvres
insignifiantes, qui néanmoins se partagent le succès, selon les diverses
préoccupations de la foule, peu initiée à l'art véritable.
Le plus original de la jeune école belge est assurément M. Charles De
G roux. 11 ne procède d'aucun des contemporains, pas plus que des anciens
maîtres : phénomène rare en Belgique, — et partout. Il a commencé tout
seul, s'inspirant de sujets assez neufs, empruntés à la vie réelle et fami-
lière. Par Là, il se rattacherait à la tradition des Hollandais et des petits
Flamands du xvne siècle; mais sa pratique est toute personnelle. Ce qui
caractérise son talent, c'est la profondeur et la sincérité des tournures et
des physionomies. Sous un extérieur misérable, il a su mettre l'âme, je
ne sais quelle poésie intime et mélancolique qui émeut et fait réfléchir.
Jusqu'ici, presque toujours il avait pris ses personnages dans les
A BRUXELLES
Gomme il n'y avait pas de Salon à Paris cette année, beaucoup d'ar-
tistes français ont envoyé à l'Exposition de Bruxelles des œuvres récem-
ment terminées, et qui ont l'intérêt de la nouveauté. Les Anglais, qui ne
risquent guère leurs peintures sur le continent, ont aussi envoyé h
Bruxelles plusieurs tableaux signés de noms célèbres. Pour les Hollandais
et les Allemands, ils ont l'habitude de se mêler à leurs voisins de l'école
flamande. L'Exposition de Bruxelles a donc un certain caractère euro-
péen, et c'est peut-être la plus riche qui ait jamais eu lieu dans cette
ville. Les journaux belges en publient des comptes rendus assez détaillés.
Ici nous ne pouvons que signaler quelques tableaux où se révèlent des
qualités originales, comme sentiment et comme exécution.
Sauf M. Gallait et M. Levs, on rencontre au Salon de Bruxelles
presque tous les peintres belges qui ont de la réputation chez eux, et
même au dehors : M. Yerboeckhoven, M. van Schendel, M. de Biefve, et
d'autres. Nous n'avons rien à voir dans leurs productions, chèrement
payées par une classe de naïfs collectionneurs, ni dans quantité d'œuvres
insignifiantes, qui néanmoins se partagent le succès, selon les diverses
préoccupations de la foule, peu initiée à l'art véritable.
Le plus original de la jeune école belge est assurément M. Charles De
G roux. 11 ne procède d'aucun des contemporains, pas plus que des anciens
maîtres : phénomène rare en Belgique, — et partout. Il a commencé tout
seul, s'inspirant de sujets assez neufs, empruntés à la vie réelle et fami-
lière. Par Là, il se rattacherait à la tradition des Hollandais et des petits
Flamands du xvne siècle; mais sa pratique est toute personnelle. Ce qui
caractérise son talent, c'est la profondeur et la sincérité des tournures et
des physionomies. Sous un extérieur misérable, il a su mettre l'âme, je
ne sais quelle poésie intime et mélancolique qui émeut et fait réfléchir.
Jusqu'ici, presque toujours il avait pris ses personnages dans les