Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Cousin, Jules: Le pont au Change
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0156

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE PONT AU CHANGE

« Le pont au Change n'est plus...
Vive le pont au Change! » C'est ainsi
que Paris nouveau fait lestement l'orai-
son funèbre de ses vieux édifices his-
toriques, qui tombent chaque jour avec
une rapidité telle, qu'il ne restera bien-
tôt plus un seul chapitre à ajouter à
l'étude publiée par M. deLaborde sous
ce titre piquant : De quelques monu-
ments des beaux-arts qui restent encore
à détruire dans Paris.

Mais s'il est vrai que la voix de nos
édiles, comme les trompettes de Josué,
fait écrouler les murailles, elle a,
pour les reconstruire, la vertu de la
lyre d'Amphion , et le creuset munici-
pal, ainsi que la chaudière du vieil
Éson, rend parfois une nouvelle jeu-
nesse aux antiques débris qu'on y précipite.

Les jalons historiques disparaissent; la noble cité, qui ne fut jamais
affranchie parce qu'elle fut toujours reine, la capitale des ducs de France,
(pie tous les grands souverains enrichirent à l'envi de privilèges, de
palais et de basiliques, cette ville sur le front de laquelle l'histoire a
posé la couronne radieuse que laissait échapper Rome dégénérée, Paris,
enfin, Paris tient à honneur de se donner le caractère mercantile et uti-
litaire des towns de l'Amérique. Et les grands édifices tout blancs se
dressent niaisement devant l'archéologue sans trouver un mot à lui dire,
et l'alignement brutal boute en avant, rasant les hôtels des preux et les
chapelles gothiques comme on rasait autrefois la maison d'un traître, sans
qu'il soit possible d'en reconnaître la trace. 0 mes contemporains! vos
 
Annotationen