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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0371

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MOUVEMENT DES ARTS ET DE Là CURIOSITE

VENTE DE LA BIBLIOTHÈQUE SAUVAGEOT

La vente de la bibliothèque Sauvageot a vu se reproduire le phénomène ordinaire
des ventes faites sous le patronage d'un nom célèbre. Les vulgaires éditions y sont
achetées un prix double de celui du commerce, et les plaquettes qui grelottent, sur les
quais, dans la boîte à cinq sous, sont disputées avec fureur. L'étiquette du vendeur est
cotée avec prime, et l'on se passionne, sous les regards du public, pour des livres insi-
pides et justement oubliés.

Je ne veux point dire que cette bibliothèque ne renfermât pas de livres de choix. Le
possesseur avait commencé à la former vers 1848, au moment où les gens de bourse, en
considérant la Curiosité comme une spéculation, ne lui permirent plus de compléter ses
séries, et l'obligèrent à se rejeter sur les livres, alors moins recherchés. On y remarquait
de curieux manuscrits, quelques-unes même de ces reliures, si fort à la mode aujour-
d'hui, qu'elles font passer, à la faveur de leurs vêtements de cuir gaufrés de dentelles,
les plus piètres élucubrations des théologiens du moyen âge ou des poètes mystiques
de la Renaissance. La série des Livres d'Heures renfermait de belles vignettes et des
enluminures précieuses, et nous aurons à revenir prochainement sur les numéros les
plus curieux. La partie relative à l'histoire de Paris et des principales villes des pro-
vinces de France contenait des livres modernes aujourd'hui épuisés déjà, et pour la plu-
part offerts par les auteurs. Enfin on avait habilement distribué, sous les rubriques
Sciences et arts, Belles-lettres, et même Économie politique, une série d'ouvrages,
variés quanta la forme, mais identiques quant au fond, et qui ne peuvent trouver de
place que dans la bibliothèque d'un célibataire.

Charles Sauvageot était né à Paris le 6 novembre 1781. Très-jeune et sous l'œil de
ses parents, honnêtes commerçants, il se livra passionnément à l'étude du violon et il
fut couronné en 1797 comme premier prix au Conservatoire, c'est-à-dire à l'ouverture
même de cette haute école de musique. Il fut bientôt admis à l'orchestre de l'Opéra.
En 1811, Sauvageot, sans quitter sa place de premier violon qu'il occupa dignement
jusqu'en 1829, entra dans l'administration des douanes, et ce fut au milieu de ces oc-
cupations tranquilles qu'il put se livrer à sa passion pour le bric-à-brac. On se rappelle
que Ch. Sauvageot a l'honneur de figurer dans la Comédie humaine. C'est lui que Bal-
zac a minutieusement analysé sous le nom de Sylvain Pons dans les Parents pauvres.
Le portrait physique a élé dénaturé à dessein, mais on retrouve çà et là de ces touches
de génie qui, rapprochées les unes des autres, composent le plus admirable portrait qui
ait été peint de ce type essentiellement moderne, le collectionneur.


 
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