LA FONTAINE SAINT-MICHEL. ;47
exécution, nous convenons qu'elle est admirable, mais ce n'est point une
raison pour qu'ils possèdent cette grande qualité antique, qui est la
sobriété. Les enfants de la frise, les ornements des pilastres, les bossages
des murs n'ont rien que puisse réclamer la Grèce. Cependant nous aper-
cevons dans la sécheresse de certains profils de la cuve balnéaire qui
reçoit la première les eaux du rocher pour les épandre ensuite dans les
vasques inférieures, nous voyons dans la forme et l'agencement des pilas-
tres qui la garnissent, et dans toute cette partie du soubassement comme
une réminiscence d'école. L'influence de M. H. Labrouste se fait sentir
là, et forme disparate avec les parties supérieures; c'est tout ce que nous
voyons de grec dans le monument.
Un autre reproche, assez grave, que l'on peut adresser à celui-ci,
malgré ses vastes dimensions, surtout en hauteur, c'est de n'être point
visible d'une certaine distance dans ses parties essentielles. Placée en
contre-bas du quai et du pont Saint-Michel, auquelle elle fait face, la
fontaine nouvelle, au lieu de partir directement du sol, eut du en être
isolée. 11 aurait fallu la soulever à une certaine hauteur par un socle
simple et robuste, rachetant la pente du terrain. Que les voitures et les
passants eussent caché ce socle, le monument qui se serait développé au-
dessus^ étant bien coordonné et complet dans toutes ses parties, n'eut en
rien perdu de son importance. De plus, la surface à couvrir étant moindre,
le résultat à atteindre eût présenté de moindres difficultés. Au lieu décela
tout le soubassement de la fontaine, jusqu'à la naissance de la niche,
avec sa série de vasques descendant jusqu'au sol, est caché pour qui-
conque arrive par le pont Saint-Michel. Il faut s'avancer jusqu'au pied
du monument pour en voir l'ordonnance inférieure et pour comprendre
que l'eau sortant du rocher placé dans la niche ne tombe point sur la tête
des spectateurs.
Enfin, ce rocher, sur lequel repose le groupe central ne nous semble
guère à sa place, dans cette niche, entouré de toute cette richesse d'archi-
tecture. On nous objectera l'exemple de la fontaine de Trévi, à Rome, où
des rochers et de l'architecture se trouvent réunis. Mais, sans vouloir jus-
tifier une composition qui ne brille point par la sévérité de l'ordonnance,
nous pouvons faire observer que ces rochers où s'agite un monde de divi-
nités marines, servent comme de soubassement à l'édifice de la fontaine.
Ils tendent à faire illusion sur les fonctions de celui-ci, en voulant faire
croire qu'il a été élevé en avant d'une montagne amenant les eaux qui
écument à travers leurs anfructuosités.
Manqué, à notre avis, dans son ordonnance générale, trop abondant
en détails qui sont d'un goût contestable, ce monument est-il au
exécution, nous convenons qu'elle est admirable, mais ce n'est point une
raison pour qu'ils possèdent cette grande qualité antique, qui est la
sobriété. Les enfants de la frise, les ornements des pilastres, les bossages
des murs n'ont rien que puisse réclamer la Grèce. Cependant nous aper-
cevons dans la sécheresse de certains profils de la cuve balnéaire qui
reçoit la première les eaux du rocher pour les épandre ensuite dans les
vasques inférieures, nous voyons dans la forme et l'agencement des pilas-
tres qui la garnissent, et dans toute cette partie du soubassement comme
une réminiscence d'école. L'influence de M. H. Labrouste se fait sentir
là, et forme disparate avec les parties supérieures; c'est tout ce que nous
voyons de grec dans le monument.
Un autre reproche, assez grave, que l'on peut adresser à celui-ci,
malgré ses vastes dimensions, surtout en hauteur, c'est de n'être point
visible d'une certaine distance dans ses parties essentielles. Placée en
contre-bas du quai et du pont Saint-Michel, auquelle elle fait face, la
fontaine nouvelle, au lieu de partir directement du sol, eut du en être
isolée. 11 aurait fallu la soulever à une certaine hauteur par un socle
simple et robuste, rachetant la pente du terrain. Que les voitures et les
passants eussent caché ce socle, le monument qui se serait développé au-
dessus^ étant bien coordonné et complet dans toutes ses parties, n'eut en
rien perdu de son importance. De plus, la surface à couvrir étant moindre,
le résultat à atteindre eût présenté de moindres difficultés. Au lieu décela
tout le soubassement de la fontaine, jusqu'à la naissance de la niche,
avec sa série de vasques descendant jusqu'au sol, est caché pour qui-
conque arrive par le pont Saint-Michel. Il faut s'avancer jusqu'au pied
du monument pour en voir l'ordonnance inférieure et pour comprendre
que l'eau sortant du rocher placé dans la niche ne tombe point sur la tête
des spectateurs.
Enfin, ce rocher, sur lequel repose le groupe central ne nous semble
guère à sa place, dans cette niche, entouré de toute cette richesse d'archi-
tecture. On nous objectera l'exemple de la fontaine de Trévi, à Rome, où
des rochers et de l'architecture se trouvent réunis. Mais, sans vouloir jus-
tifier une composition qui ne brille point par la sévérité de l'ordonnance,
nous pouvons faire observer que ces rochers où s'agite un monde de divi-
nités marines, servent comme de soubassement à l'édifice de la fontaine.
Ils tendent à faire illusion sur les fonctions de celui-ci, en voulant faire
croire qu'il a été élevé en avant d'une montagne amenant les eaux qui
écument à travers leurs anfructuosités.
Manqué, à notre avis, dans son ordonnance générale, trop abondant
en détails qui sont d'un goût contestable, ce monument est-il au