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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Nr. 1
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Tainturier, Alfred: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts: exposition de Besançon
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https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0062

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CORRESPONDANCE DE BESANÇON.

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intéressantes pour que nous n'en disions pas un mot avant tout. La création du Musée
de peinture est due à un artiste d'un mérite reconnu, J\l. Lancrenon, qui, en abandon-
nant Paris et la vie active des arts, dans laquelle il comptait plus d'un succès, a su, par
son dévouement et son activité, créer une collection qui est au rang des plus remar-
quables.

Besançon n'est point seulement riche en grands souvenirs historiques; sans parler
des nombreux monuments élevés dans ses murs par les Romains, et dont le majestueux
arc de triomphe, désigné sous le nom de Porte Noire, atteste la splendeur, ses souve-
rains et ses protecteurs l'ont toujours traitée avec une générosité magnifique. Le car-
dinal Gra'nvelle, ce fameux ministre de Charles-Quint, qui fut un des plus habiles
diplomates du xvie siècle, compte parmi ses enfants les plus illustres; c'est à lui que le
Musée doit ses meilleurs tableaux, notamment le portrait du cardinal lui-même, peint
par le Bronzino, puis, du môme maître, une grande Déposition de Croix, qui, primi-
tivement, décorait la chapelle grand-ducale à Florence, et que Cosme envoya, comme
une chose très-précieuse, à Granvelle. Cette vaste composition, empreinte d'un grand
sentiment religieux et peinte avec une remarquable habileté, paraît avoir souffert d'un
de ces lavages devenus si.fort à la mode, qui rendent plus sensible encore la crudité
primitive des tons. Un troisième tableau, d'une meilleure conservation, heureusement,
est attribué à Albert Durer; c'est un Calvaire en forme de triptyque, dont les volets
sont ornés extérieurement des armes de la famille Granvelle et de grisailles. Six médail-
lons, qui entourent le sujet principal, représentent des scènes de la vie du Christ. Parmi
les peintures qui paraissent avoir la même origine, ou qui du moins rappellent que
Besançon fut jadis ville impériale et espagnole, je remarque deux puissantes études de
Ribera, représentant des mendiants, un portrait de Galilée attribué à Velasquez, un
saint François d'Assise, de Zurbaran; deux portraits d'Antoine de Mor, le peintre de
Charles-Quint, qu'on prendrait pour des Velasquez; ils représentent Renard, ambassa-
deur de Charles-Quint, et Jeanne Lullier, sa femme; et, enfin, deux chefs-d'œuvre de
Hans Holbein, deux portraits encore, dont l'un est celui d'Érasme, l'autre celui de
Carondelet, haut doyen du chapitre de Besançon.

Aux peintures de l'école italienne, mentionnées ci-dessus, il faut ajouter encore un
Saint .Jean, du Dominiquin, d'une exécution un peu molle et mignarde; un superbe
portrait du Titien, représentant Nicolas Perrenot, père du cardinal Granvelle et chan-
celier de Charles-Quint; puis une vigoureuse esquisse de Salvator Bosa, d'un aspect
étrange et saisissant : l'Ange annonçant aux pâtres la venue du Messie.

Les œuvres des maîtres français anciens sont rares au Musée, et l'on voit bien
qu'au delà de deux siècles le passé de Besançon n'appartient pas à la France. Quelques
peintures méritent, toutefois, d'être mentionnées, entre autres le portrait du maréchal
de Turenne, par Ph. de Champagne, ceux de Coyzevox et de Rigaud, par le même, un
charmant tableau de genre, dans lequel Antoine Coypel s'est peint lui-même avec sa
fille. A partir du xvmu siècle, la série est plus complète; je me bornerai à citer quel-
ques noms: Boucher, Grimoux, Chardin, Greuze, Fragonard, Hubert Robert, Gros, et,
en dernier lieu, M. Ingres, dont nous avons deux dessins excellents.

Les artistes comtois, nous le constatons à regret, n'occupent qu'une faible place dans
cette galerie bisontine : Gigoux y est représenté par une de ses œuvres capitales, la
Mort de Léonard de Vinci, une fière peinture; Baron, par ses brillantes Noces de Ga-
mache; Faustin Besson, par une Fuite en Égypte, qui, malheureusement, est insufli-
sante pour donner une idée de son gracieux talent. J'arrêterai là cette nomenclature
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