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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Livres d'art
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62

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Quels singuliers revirements de l'opinion, ou, pour mieux dire, de la mode ! Il v a
trente ans, on eût été heureux d'appeler Lemoyne ce qui était Watteau; aujourd'hui,
personne ne consentirait au change. Et telle est la tyrannie de certains noms imposés
par le goût du jour ou par la célébrité de quelques écrivains tels que Diderot, que mal-
gré des preuves bien établies, malgré l'évidence, les amateurs ne veulent jamais se
rendre toutes les fois qu'il s'agit de descendre d'un cran dans l'échelle des noms pro-
pres. Au xvme siècle, une excellente peinture de Roland de La Porte figurait dans la
vente du marquis de Ménars, frère de madame de Pompadour, et ni le marquis ni les
auteurs de son catalogue ne songeaient à débaptiser ce Roland de La Porte pour en
faire un Chardin; mais au xixe siècle, tout est Chardin, même les Roland de La Porte,
comme tout est Watteau, môme les Pater, comme tout est Lancret,mème lesLajoue, car
les connaisseurs qui se laissent convaincre si aisément quand on leur parle de hausser
par un nom supérieur le prix de leurs tableaux, sont intraitables dès qu'on leur pro-
pose d'en amoindrir la valeur par la substitution d'un nom moins sonore.

Pour en revenir au catalogue de M. Burty, nos lecteurs seront bien aises d'ap-
prendre qu'il en a été tiré quelques exemplaires sur papier de Hollande, simple frian-
dise de curieux. Ch. B.

Ornements, vases et décorations, h volumes de 50 planches, et grands
Ornements et figures décoratives, 2 livraisons de 8 feuilles, gravés
d'après les maîtres par Péquégnot. — Paris, 1860.

Suite d'eaux-fortes, par Auguste Constantin.

M. Auguste Péquégnot vient de terminer le quatrième volume d'une publication
que nous avons déjà signalée à nos lecteurs1. Dans cette série, ainsi que dans les précé-
dentes, M. Péquégnot a reproduit, à l'usage des artistes industriels, les matériaux que
nous ont légués toutes les époques et toutes les écoles de l'art décoratif en Europe.
Plus les productions originales des maîtres ont eu de succès à leur apparition, plus elles
sont devenues rares dans les ateliers, et plus aujourd'hui elles deviennent inabordables
pour la bourse modeste du praticien. Nous ne pouvons donc qu'applaudir à la vulgari-
sation de matériaux indispensables à quiconque veut s'inspirer sérieusement du style
de la période historique qu'il est appelé à imiter. Aux noms des maîtres italiens que nous
avions déjà cités, il faut ajouter ceux de Polydore de Caravage, du Rosso, du Par-
mesan et de Piranesi. Oppenord contourne d'élégantes consoles; Simon Vouet,
dans ses panneaux, précède J. Lepautre et rappelle les derniers décorateurs de l'école
de Fontainebleau ; Toro ciselle des ornements pour les incrustations de cuivre dans
l'ébène ; Etienne de la Belle accommode à l'italienneMe goût français; Bachelier
groupe des fleurs avec la souplesse de Baptiste Mohnoyer; Saly modèle des vases sur
la panse desquels circulent de folles bacchanales; Ransonnous initie au grêle Louis XVI
avec des baguettes à la grecque, et Huet noue à tous les bosquets de Cythère ses paniers
fleuris où roucoulent des .colombes.

Ce que cherche avant tout M. A. Péquégnot, c'est moins un fac-similé trompeur
qu'une interprétation intelligente. Il ne prétend point grossir les cartons des amateurs

1. Gazette de$ Beaux-Arts du 15 février 1860.
 
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