DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Tainturier, Alfred: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts: exposition de Besançon
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0117
CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE
DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
EXPOSITION DE BESANÇON
_ ( Suite et fin. )
Les paysagistes n'ont pas plus fait défaut à Besançon que les peintres de genre et
d'Histoire. En première ligne apparaissent d'abord M. Corot, avec un Intérieur de la
forêt de Fontainebleau, grande étude aussi solidement peinte que sont vaporeuses et
poétiques les œuvres actuelles du maître; M. Daubigny, qui a exposé un Lever de
lune, peinture d'un effet calme et imposant, mais insuffisante pour faire apprécier le
talent si vrai et si sympathique de cet artiste; et M. Troyon qui, avec'sa Charrette de
foin, n'est guère mieux représenté. MM. Courbet et Ziem sont là chez eux, et, pour
cette raison, je ferai honneur de leurs œuvres à leur patrie. — Viennent enfin les pay-
sages de MM. Lapito, Salzmann, Langée, Le Poitevin, Anastasi, Appian, Belle!,
L. Boullangé, Veyrassat. les marines d'Isabey, Morel Fatio et J. Noël, les scènes orien-
tales de M. Frère, les animaux et les natures mortes de MM. Ph. Rousseau, A. de
Dreux, Salmon, Grobon et Couder.
A vrai dire, deux écoles étrangères seulement, celles de Genève et de Dusseldorf,
profitant de relations de bon voisinage, se sont fait représenter à l'exposition de Besan-
çon. Encore Calame, le grand maître de la Suisse, est-il absent; mais en son lieu et
place paraît, en première ligne, M. Diday, qui a là deux de ses meilleures toiles. Ce
sont deux vues de Suisse ornées de cascades aux eaux savonneuses, d'arbres propre-
ment peignés, mais d'un ensemble si doux, si harmonieux, qu'on ne peut se lasser
d'admirer cette nature si habilement fardée. Le Lac d'Engstlen, de M. Zimmermann,
les Vues de l'Isère, de M. Castan, ne sont pas moins agréables ni moins adroitement
touchées, et elles ont de plus un aspect de vigueur et de réalité qui dénote de sérieuses
études.
On sait aussi, à Dusseldorf, colorer agréablement un paysage, témoin la grande Vue
du Mont Rose, de M. Lindlar, dont les premiers plans formés de sapins, de rochers et
de chalets, sont très-réels et peints avec une grande fermeté; témoin aussi le fin et joli
tableau de M. le comte de Kalckreuth, représentant le lac de Saint-Yolfgang, les vues
de Suisse de M. Rausch, les rivières hollandaises de M. Schotel. Mais ce n'est point là
le côté saillant de l'exposition prussienne, et j'ai hâte d'arriver aux tableaux de mœurs
et aux peintures religieuses qui caractérisent bien mieux les tendances actuelles de
DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
EXPOSITION DE BESANÇON
_ ( Suite et fin. )
Les paysagistes n'ont pas plus fait défaut à Besançon que les peintres de genre et
d'Histoire. En première ligne apparaissent d'abord M. Corot, avec un Intérieur de la
forêt de Fontainebleau, grande étude aussi solidement peinte que sont vaporeuses et
poétiques les œuvres actuelles du maître; M. Daubigny, qui a exposé un Lever de
lune, peinture d'un effet calme et imposant, mais insuffisante pour faire apprécier le
talent si vrai et si sympathique de cet artiste; et M. Troyon qui, avec'sa Charrette de
foin, n'est guère mieux représenté. MM. Courbet et Ziem sont là chez eux, et, pour
cette raison, je ferai honneur de leurs œuvres à leur patrie. — Viennent enfin les pay-
sages de MM. Lapito, Salzmann, Langée, Le Poitevin, Anastasi, Appian, Belle!,
L. Boullangé, Veyrassat. les marines d'Isabey, Morel Fatio et J. Noël, les scènes orien-
tales de M. Frère, les animaux et les natures mortes de MM. Ph. Rousseau, A. de
Dreux, Salmon, Grobon et Couder.
A vrai dire, deux écoles étrangères seulement, celles de Genève et de Dusseldorf,
profitant de relations de bon voisinage, se sont fait représenter à l'exposition de Besan-
çon. Encore Calame, le grand maître de la Suisse, est-il absent; mais en son lieu et
place paraît, en première ligne, M. Diday, qui a là deux de ses meilleures toiles. Ce
sont deux vues de Suisse ornées de cascades aux eaux savonneuses, d'arbres propre-
ment peignés, mais d'un ensemble si doux, si harmonieux, qu'on ne peut se lasser
d'admirer cette nature si habilement fardée. Le Lac d'Engstlen, de M. Zimmermann,
les Vues de l'Isère, de M. Castan, ne sont pas moins agréables ni moins adroitement
touchées, et elles ont de plus un aspect de vigueur et de réalité qui dénote de sérieuses
études.
On sait aussi, à Dusseldorf, colorer agréablement un paysage, témoin la grande Vue
du Mont Rose, de M. Lindlar, dont les premiers plans formés de sapins, de rochers et
de chalets, sont très-réels et peints avec une grande fermeté; témoin aussi le fin et joli
tableau de M. le comte de Kalckreuth, représentant le lac de Saint-Yolfgang, les vues
de Suisse de M. Rausch, les rivières hollandaises de M. Schotel. Mais ce n'est point là
le côté saillant de l'exposition prussienne, et j'ai hâte d'arriver aux tableaux de mœurs
et aux peintures religieuses qui caractérisent bien mieux les tendances actuelles de