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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 8.1860

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Nr. 5
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Champfleury: Nouvelles recherches sur la vie et l'oeuvre des fréres le Nain, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0273

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LES FRÈRES LE NAIN. 267

aller d'abord à la source des renseignements, rechercher le premier
écrivain qui ait parlé de l'homme dont on s'occupe, et s'inquiéter de
la certitude qu'on doit accorder à ce premier écrivain.

Dom Grenier, en recueillant en Picardie de précieuses notes sur les
hommes et les choses de cette province, montrait aux nouvelles généra-
tions la méthode à suivre. Aujourd'hui les esprits intelligents de province,
sans appartenir à des congrégations religieuses, suivent la route tracée, et,
dans leurs moments de loisir, amassent des matériaux bien plus considé-
rables que ceux des Bénédictins. Cependant la biographie des Le Nain,
donnée par dom Grenier, ne me suffisait pas. 11 n'était pas le premier
biographe ! Une phrase m'était restée dans l'esprit depuis dix ans :

a Les mémoires manuscrits de M. Leleu sur la ville de Laon, disait
dom Grenier, nous apprennent que les trois frères LeiNain, d'un caractère
différent, furent formés à Laon par un peintre étranger, qui leur donna
les éléments de la peinture pendant l'espace d'un an. » Ainsi, dom
Grenier avait puisé les principaux matériaux de sa notice dans les mé-
moires manuscrits de dom Leleu, sur la ville de Laon. C'étaient ces
Mémoires qu'il s'agissait de retrouver. Pendant huit ans je les fis cher-
cher à Laon sans résultats, lorsqu'enfin le bibliothécaire de la ville
m'envoya une copie du passage suivant du manuscrit de dom Leleu :

« LES LE NAIN. — ANNEE 1632

« En ce temps fleurirent trois habiles peintres natifs de Laon, qui étaient frères et
vivaient dans une parfaite union; savoir, Antoine, Louis et Mathieu Le Nain. Us sui-
virent le goût et l'inclination qu'ils avaient pour la peinture; ils furent formés dans
cet art par un peintre étranger qui les instruisit et leur montra les règles de cet art, à
Laon, pendant l'espace d'un an; de là ils passèrent à Paris, où ils se perfectionnèrent et
s'établirent tous trois dans une même maison.

« Leurs caractères étaient différents. Antoine, qui était l'aîné et qui avait été reçu
peintre à Saint-Germain-des-Prés par le sieur Plantin, avocat en la cour et bailly du-
dit Saint-Germain, le 16 mai 1629, excellait pour les mignatures et les portraits en
raccourci.

« Louis, le cadet, réussissait dans les portraits qui sont à demi-corps, et en forme
de buste.

« Mathieu, qui était le dernier, était pour les grands tableaux, comme ceux qui
représentent les mystères, les martyres des saints, les bataille s, sic

« Tous les trois étaient maîtres peintres du Roi et furent reçus en môme temps à
l'Académie royale de peinture et sculpture. Leurs lettres de réception sont datées du
1er mars 1648 et contre-signées par le sieur Le Brun, fameux peintre, l'un des anciens
de ladite Académie.

« Antoine et Louis moururent l'un et l'autre en trois jours de temps, sans avoir été
mariés.
 
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