NOUVELLES RECHERCHES
SUR LA VIE ET L'OEUVRE
DES FRERES LE NAIN
v
PORTRAITS
Jusqu'à présent les portraits peints par Le Nain se sont montrés si
rares que je n'en ai vu qu'un, le Cinq-Mars, de la galerie du Palais-
Royal, vendu aux enchères après la révolution de 1848. Et cependant
que de portraits célèbres n'ont pas peints les Le Nain? La reine Anned'Au*-
Iriche, dont parle dom Leleu, le cardinal Mazarin, sont d'une authenticité
incontestable. Je citerai tout à l'heure d'autres portraits; mais par ces
trois noms : Anne d'Autriche, Cinq-Mars, Mazarin, on voit quel rang
occupait à la cour le Le Nain portraitiste, et on peut affirmer qu'il ne
peignit pas seulement ces trois illustres personnages.
Je m'occuperai d'abord du seul portrait que j'aie vu. Cinq-Mars est
en grand habit de cour, dans son cabinet, frisé et parfumé, la figure
insignifiante, ronde, jeune, sans caractère. Ce n'est pas le Cinq-Mars
du roman, c'est un mignon peu propre à porter la belle cuirasse et
le riche casque doré, placés par le peintre dans un coin du tableau. La
main gauche appuyée sur la hanche, Cinq-Mars tient de la droite une
longue canne. Cette main est dégantée pour montrer toute sa finesse
un peu efféminée; mais dans la lithographie de Grévedon que j'ai sous
les yeux, l'œil est attiré par l'énorme quantité de rubans, de broderies
qui, partant du cou du portrait, courent le long du baudrier, dégagent la
main par une manchette élégante, moins élégante encore que la broderie
du col, et s'enroulent autour du haut-de-chausses pour se terminer en
flots de dentelles au-dessus des longues bottes en cuir souple. En regardant
VIII, il
SUR LA VIE ET L'OEUVRE
DES FRERES LE NAIN
v
PORTRAITS
Jusqu'à présent les portraits peints par Le Nain se sont montrés si
rares que je n'en ai vu qu'un, le Cinq-Mars, de la galerie du Palais-
Royal, vendu aux enchères après la révolution de 1848. Et cependant
que de portraits célèbres n'ont pas peints les Le Nain? La reine Anned'Au*-
Iriche, dont parle dom Leleu, le cardinal Mazarin, sont d'une authenticité
incontestable. Je citerai tout à l'heure d'autres portraits; mais par ces
trois noms : Anne d'Autriche, Cinq-Mars, Mazarin, on voit quel rang
occupait à la cour le Le Nain portraitiste, et on peut affirmer qu'il ne
peignit pas seulement ces trois illustres personnages.
Je m'occuperai d'abord du seul portrait que j'aie vu. Cinq-Mars est
en grand habit de cour, dans son cabinet, frisé et parfumé, la figure
insignifiante, ronde, jeune, sans caractère. Ce n'est pas le Cinq-Mars
du roman, c'est un mignon peu propre à porter la belle cuirasse et
le riche casque doré, placés par le peintre dans un coin du tableau. La
main gauche appuyée sur la hanche, Cinq-Mars tient de la droite une
longue canne. Cette main est dégantée pour montrer toute sa finesse
un peu efféminée; mais dans la lithographie de Grévedon que j'ai sous
les yeux, l'œil est attiré par l'énorme quantité de rubans, de broderies
qui, partant du cou du portrait, courent le long du baudrier, dégagent la
main par une manchette élégante, moins élégante encore que la broderie
du col, et s'enroulent autour du haut-de-chausses pour se terminer en
flots de dentelles au-dessus des longues bottes en cuir souple. En regardant
VIII, il