LA GALERIE CAMPANA. 75
d'indications fautives et fourmille d'erreurs archéologiques ; l'ouvrage de M. d'Escamps
Dèscription des marbres antiques du musée Campana, à Rome; Paris, 1856, ne
contient qu'une appréciation sommaire et incomplète de quelques-uns des objets les
plus remarquables de la classe des marbres.
Bien que limités aux cinq catégories principales de la galerie Campana,et, dans ces
catégories, aux œuvres de premier ordre seulement, les choix faits pour le musée
impérial de l'Ermitage sont assez nombreux et variés pour qu'il ait été impossible,
dans les quelques semaines que nous avions devant nous, d'en dresser un catalogue
raisonné, œuvre qui, à défaut de travaux antérieurs, exige beaucoup d'études et de
temps.
La présente notice, rédigée à la hâte pendant que l'on encaissait les divers objets
dont elle offre la nomenclature, n'a d'autre but que celui de donner au public de Saint-
Pétersbourg un aperçu général des monuments précieux dont la munificence éclairée
et la généreuse sollicitude pour les arts de S. M. l'Empereur viennent de doter la
Russie.
S. GUÉDKONOFF,
Rome, mars 1861.
VASES PEINTS
ÉTRUSQUES ET ITALO-GRECS.
I
« Le Musée royal de Naples, dit le savant
éditeur du Musée Bourbon1, est un des plus
riches en vases, sa collection ne comptant pas
moins de cinq cent cinq pièces de choix. Ce
pays possède, en outre, plusieurs collections
particulières : une des plus célèbres est celle
de feu l'archevêque de Tarente, à Portici. Celle
de la maison Vivenzio, à Nola, a passé tout en-
tière dans le Musée royal. Rome a eu de tout
temps une collection des plus remarquables,
comme nombre et comme choix ; elle fait partie
maintenant (du moins les vases les plus pré-
cieux) du Musée étrusque, fondé par le pape
Grégoire XVI. La collection de la galerie royale
de Florence est intéressante pour avoir été la
première à donner de la célébrité à ce genre
de monuments ; moins nombreuse que les pré-
cédentes, elle a l'avantage de posséder des
vases peints venant de la Grèce proprement
dite, de la Sicile et de plusieurs points de la
Grande-Grèce et de l'Étrurie, ainsi qu'une
notable quantité de vases non peints, aussi re-
marquables par la beauté de la forme que par
celle des bas-reliefs dont ils sont ornés; ils
proviennent en grande partie de l'Étrurie. Vol-
terre, Bologne, Pérouse et d'autres villes étrus-
ques ont des collections de vases dans leurs
musées. Les gouvernements les plus éclairés
1. Real Museo Borbonico descr. et illuslr., da
E. Pistole si, 1841, t. V, p. 283.
de l'Europe s'efforcent depuis quelques années
de recueillir ce qu'ils peuvent trouver de vases
peints antiques, spécialement du royaume de
Naples; l'Autriche et la France en sont riches
outre mesure. Parmi les particuliers posses-
seurs de belles collections, on peut citer les
Lamberg, les Durand, les Bonaparte, etc. »
Ces lignes, écrites en 1841, peuvent donner
une idée de la valeur qui s'attache à un en-
semble de cinq cent soixante-six vases, choisis
un à un parmi les trois mille sept cent quatre-
vingt-onze dont se composait la prodigieuse
collection Campana, qui, d'une part, englou-
tissait des musées, et, de l'autre, s'enrichissait,
au prix de sacrifices insensés, de tout ce que
l'Italie pouvait lui offrir isolément d'objets pré-
cieux. Ceux-là seuls qui ont étudié les musées
étrusques de Naples, de Rome, de Florence, de
Vienne, de Paris et de Londres, sont à môme
de comprendre le rang exceptionnel que, sous
ce rapport, le Musée impérial de Saint-Péters-
bourg vient de prendre d'un seul coup parmi
les galeries de l'Europe.
I# — VASES PRIMITIFS DE STYLE ASIATIQUE.
Trouvés en grande partie dans les tumulus
de la nécropole d'Agilla (plus tard Caere, au-
jourd'hui Cervetri, dans l'ancienne Étrurie),
ils témoignent du goût enraciné dans la race
étrusque pour les compositions bizarres et les
images monstrueuses venues d'Orient par la
voie du commerce, goût qui se traduit ici,
comme dans les vases de Clusium et les vases
improprement appelés égyptiens, par des imi-
tations de figures orientales, surtout de figures
d'indications fautives et fourmille d'erreurs archéologiques ; l'ouvrage de M. d'Escamps
Dèscription des marbres antiques du musée Campana, à Rome; Paris, 1856, ne
contient qu'une appréciation sommaire et incomplète de quelques-uns des objets les
plus remarquables de la classe des marbres.
Bien que limités aux cinq catégories principales de la galerie Campana,et, dans ces
catégories, aux œuvres de premier ordre seulement, les choix faits pour le musée
impérial de l'Ermitage sont assez nombreux et variés pour qu'il ait été impossible,
dans les quelques semaines que nous avions devant nous, d'en dresser un catalogue
raisonné, œuvre qui, à défaut de travaux antérieurs, exige beaucoup d'études et de
temps.
La présente notice, rédigée à la hâte pendant que l'on encaissait les divers objets
dont elle offre la nomenclature, n'a d'autre but que celui de donner au public de Saint-
Pétersbourg un aperçu général des monuments précieux dont la munificence éclairée
et la généreuse sollicitude pour les arts de S. M. l'Empereur viennent de doter la
Russie.
S. GUÉDKONOFF,
Rome, mars 1861.
VASES PEINTS
ÉTRUSQUES ET ITALO-GRECS.
I
« Le Musée royal de Naples, dit le savant
éditeur du Musée Bourbon1, est un des plus
riches en vases, sa collection ne comptant pas
moins de cinq cent cinq pièces de choix. Ce
pays possède, en outre, plusieurs collections
particulières : une des plus célèbres est celle
de feu l'archevêque de Tarente, à Portici. Celle
de la maison Vivenzio, à Nola, a passé tout en-
tière dans le Musée royal. Rome a eu de tout
temps une collection des plus remarquables,
comme nombre et comme choix ; elle fait partie
maintenant (du moins les vases les plus pré-
cieux) du Musée étrusque, fondé par le pape
Grégoire XVI. La collection de la galerie royale
de Florence est intéressante pour avoir été la
première à donner de la célébrité à ce genre
de monuments ; moins nombreuse que les pré-
cédentes, elle a l'avantage de posséder des
vases peints venant de la Grèce proprement
dite, de la Sicile et de plusieurs points de la
Grande-Grèce et de l'Étrurie, ainsi qu'une
notable quantité de vases non peints, aussi re-
marquables par la beauté de la forme que par
celle des bas-reliefs dont ils sont ornés; ils
proviennent en grande partie de l'Étrurie. Vol-
terre, Bologne, Pérouse et d'autres villes étrus-
ques ont des collections de vases dans leurs
musées. Les gouvernements les plus éclairés
1. Real Museo Borbonico descr. et illuslr., da
E. Pistole si, 1841, t. V, p. 283.
de l'Europe s'efforcent depuis quelques années
de recueillir ce qu'ils peuvent trouver de vases
peints antiques, spécialement du royaume de
Naples; l'Autriche et la France en sont riches
outre mesure. Parmi les particuliers posses-
seurs de belles collections, on peut citer les
Lamberg, les Durand, les Bonaparte, etc. »
Ces lignes, écrites en 1841, peuvent donner
une idée de la valeur qui s'attache à un en-
semble de cinq cent soixante-six vases, choisis
un à un parmi les trois mille sept cent quatre-
vingt-onze dont se composait la prodigieuse
collection Campana, qui, d'une part, englou-
tissait des musées, et, de l'autre, s'enrichissait,
au prix de sacrifices insensés, de tout ce que
l'Italie pouvait lui offrir isolément d'objets pré-
cieux. Ceux-là seuls qui ont étudié les musées
étrusques de Naples, de Rome, de Florence, de
Vienne, de Paris et de Londres, sont à môme
de comprendre le rang exceptionnel que, sous
ce rapport, le Musée impérial de Saint-Péters-
bourg vient de prendre d'un seul coup parmi
les galeries de l'Europe.
I# — VASES PRIMITIFS DE STYLE ASIATIQUE.
Trouvés en grande partie dans les tumulus
de la nécropole d'Agilla (plus tard Caere, au-
jourd'hui Cervetri, dans l'ancienne Étrurie),
ils témoignent du goût enraciné dans la race
étrusque pour les compositions bizarres et les
images monstrueuses venues d'Orient par la
voie du commerce, goût qui se traduit ici,
comme dans les vases de Clusium et les vases
improprement appelés égyptiens, par des imi-
tations de figures orientales, surtout de figures