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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 2
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Clément de Ris, Louis: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts: le Palais Japonais, à Dresde
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0188

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CORRESPONDANCE PARTICULIERE

DE LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

LE PALAIS JAPONAIS, A DRESDE

Dresde, 14 juillet 1861.

Je doute qu'il existe en Europe une réunion de porcelaines de Chine aussi nom-
breuse que celle du Palais japonais de Dresde. Le catalogue remplit cinq gros vo-
lumes in-folio, el ne compte pas moins de 60,000 numéros dont 55,000 au moins
s'appliquent a des objets de céramique de l'extrême Orient.

Toutefois, malgré ce chiffre, on ne peut pas se former à Dresde une idée géné-
rale, non-seulement du degré d'avancement où les Chinois ont poussé l'industrie ayant
trait à ce que l'on appelle en France la curiosité, mais encore de l'ingéniosité, du goût
qu'ils ont apporté dans toutes les branches de la céramique, de la délicatesse merveil-
leuse de leurs procédés de fabrication. Sous ce r apport, le musée de Sèvres, le musée
ethnographique du Louvre, le musée chinois de La Haye offrent un intérêt supérieur,
parce qu'ils comprennent une quantité d'objets bien plus variés. Ainsi, en dehors de
la porcelaine, Dresde ne contient ni bronzes, ni émaux champlevés ou peints, ni laques,
ni pierres dures, ni cristaux de roche, ni ivoires, ni bois, dont l'étude jette un si grand
jour sur la fertilité d'inventions de l'industrie chinoise. Si l'on circonscrit ses recherches
à la céramique, on n'y rencontrera pas de boccaros, on n'y trouvera aucune de ces
pièces en gros bleu flambé, en rouge haricot, en rouge vermillon, en blanc lacté à re-
flets opalins, en gris truité, en vert céladon de toutes nuances, aucun de ces vases d'un
tout petit volume en porcelaine émaillée rose vif, rose pâle, jaune maïs, bleu céleste,
bleu de Chine, qui sont le mérite et l'attrait des collections Poinsot, Barbet de Jouy,
Malinet, d'Aigremont, et que madame la duchesse de Montebello avait réunis en si
grande quantité. Il semble que ce soit dans les objets d'un tout petit volume que le goût
chinois ait pris plaisir à déployer toutes ses ressources, soit comme pureté de formes,
soit comme richesse d'ornementation. A Dresde, ces délicieux produits brillent par
leur absence. Mais si l'on veut étudier les pièces d'une dimension relativement grande,
les pièces de décoration, c'est à Dresde qu'il faut aller. En circonscrivant ses recherches
dans le sens que j'indique, on sera surpris que l'on ait pu rassembler une pareille
quantité de produits. Quand on y rencontre une pièce rare, ce n'est pas par unité
qu'on la trouve, mais par centaines et quelquefois par milliers.

La collection est rangée dans dix-huit salles au rez-de-chaussée du Palais japonais.
Ces salles, qui font le tour de l'édifice, sont, je le crains, les anciennes cuisines ou les
anciennes offices du palais, situé à l'extrémité occidentale de Dresde, sur la rive droite
de l'Elbe. Construit de 1715 à 1730 par Auguste le Fort sous la dénomination qu'il
porte encore, l'édifice offre la forme d'un parallélogramme flanqué de quatre ailes et de
 
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