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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 3
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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0289

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MOUVEMENT DES ARTS ET LE LA CURIOSITÉ

L'EXPOSITION ET LES FÊTES D'ANVERS

Nous ne voulons rien exagérer, mais il nous semble que les fêtes splendides aux-
quelles Anvers vient de convier les artistes et les lettrés de toute l'Europe constituent
un fait très-moderne et très-fécond. La pensée glorifiée, l'art célébré sous toutes ses
formes, une ville entière faisant accueil à des voyageurs venus de si loin, les plus
graves intérêts du sculpteur et du peintre débattus dans un congrès solennel, tant
d'hommes, et si divers, réunis autour d'une idée, ce sont là de grands spectacles. A
son histoire si glorieuse déjà, Anvers vient d'ajouter une belle page de plus; et nous
n'étonnerons personne en disant que, toujours digne de son passé, la ville de Rubens et
de Van Dyck, sachant bien quelle est l'importance de l'art dans les sociétés nouvelles,
lui a donné la première place dans toutes les fêtes dont nous resterons pour longtemps
éblouis et charmés.

Des journaux, qui se lèvent de meilleur matin que le nôtre, ont déjà raconté avec
détail ces fêtes heureuses. Nous n'avons pas à redire ce qu'ils ont dit, et comment
d'ailleurs le pourrions-nous faire?... Il serait plus facile de peindre avec le pinceau
qu'avec la plume cette procession formidable et chantante qui, le soir de l'arrivée des
députations étrangères, s'est dirigée vers le vieil hôtel de ville, précédée de musiques
joyeuses, et marchant entre une double haie d'hommes portant des torches, à travers
cette ville, pittoresque entre toutes, dont les maisons aux pignons aigus profilaient sur
un ciel clair leur silhouette brune. C'était fantastique et charmant, et j'ai bien compris
ce soir-là que la réalité elle-même a ses féeries.

Le lendemain et les jours suivants, le caprice intelligent de nos hôtes nous a en-
traîné de fête en fête : les feux d'artifice, les concerts, les illuminations, les inaugura-
tions de statues, la promenade historique du Géant, toutes ces réjouissances, si bien
inventées pour complaire aux enfants et aux journalistes, ont conservé un caractère
local, abondant, robuste. Et ce n'a pas été, je vous le jure, un médiocre spectacle que
ce banquet pantagruélique où douze cents fourchettes battaient à la fois la mesure sur
un rhythme joyeux, car Anvers est toujours la ville de Jordaens, la ville des longs re-
pas et de la vie exubérante. Toutes les écoles européennes étaient assises à cette table
immense. Les coloristes des Flandres, les mystiques de la blonde Allemagne, les suc-
cesseurs des maîtres hollandais, les préraphaélistes de Londres, les paysagistes et
les peintres familiers de la France s'étaient donné rendez-vous et se mêlaient aux
poètes, aux conteurs, aux écrivains de tous les pays et de toutes les nuances. Nous par-
 
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