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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 5
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Leclercq, Émile: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0477

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/j(jo GAZ E T T E I ) E S B E A U X - A R T S.

Metsu, ce maître qui, avec Gérard Terburg, a 1(3 monopolo dos scènes d'intérieur élé-
gant dans lo xvne siècle hollandais.

Je ne sais si ce tableau a un titre traditionnel ; en tout cas, il représente une Colla-
lion, ainsi composée :

A droite, une jeune fille assise sur un tabouret; à gauche, une table; entre la table
et la jeune tille, un « cavalier, » Au fond, à gauche, arrive une vieille femme portant
un plat de fraises. La jeune fille, qui est blonde, est coiffée d'un mouchoir blanc; elle
a un caraco blanc et un jupon violet bordé de raies de soie gris perle. La table est en
chêne sculpté; un coin est couvert d'un bout de serviette, et, à côté de la serviette,
sont un petit bol en argent et une assiette, dans laquelle se trouve une gaufre à croûte
dorée. Le cavalier, en pourpoint gris, larges culottes grises et bas rouges, est perruqué
comme un courtisan de Louis XIV. La jeune fille, de la main gauche, tient un long
verre vide; de la main droite, elle fait un geste plein de modestie, très-expressif, pour
refuser l'offre du galant, qui s'est levé, a pris une canette en grès très-brillant, et
veut remplir le verre de la belle. Ce mouvement de l'homme est extrêmement juste; il
n'est pas tout à fait debout, et il n'est qu'à demi tourné vers sa charmante partenaire :
véritablement, il se meut. De plus, sa physionomie est aimable, spirituelle et vivante.
Toutefois, sa main gauche, appuyée à la chaise à dossier de cuir sur laquelle tout à
l'heure il était assis, et qui tient son feutre noir, est posée assez prétentieusement. La
jeune fille est toute lumineuse : le jour vient de gauche, glisse sur la table et sur le
parquet, pique d'étincelles le bol en argent, et frappe en plein la belle blonde; l'homme
est dans une demi-teinte tranquille; la vieille femme est dans l'ombre. Le fond est
d'un gris un peu sombre. Derrière la tète de l'homme, on voit un tableau encadré.
A gauche, il y a une entrée par où vient la vieille. La signature du peintre, G. Metsu,
est bien clairement dessinée sur le dessin de cette porte cintrée.

C'est un de ces fins tableaux qu'on qualifie de perles. Il est perle par le ton, et par
l'extrême délicatesse de la facture, et par la finesse des physionomies. Il est perle
aussi par ses dimensions : il a 40 centimètres de hauteur sur 31 de largeur. C'est une
très-bonne acquisition pour le musée de Bruxelles, qui est peu riche en maîtres fami-
liers de la Hollande, et qui n'a encore ni Cuyp, ni ïlobbema, ni Pierre de Hoghe, ni
Potter, ni Van der Weyden, ni tant d'autres célèbres petits maîtres de grand talent,
dont le musée d'une capitale ne peut se passer, sinon par raison de pauvreté.

Cette Collation a été payée '13,000 francs.

emile leclercq.
 
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