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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Grammaire historique des arts du dessin, [5]: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0115

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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

109

maintenant il nous reste à formuler les lois qui régissent l'architecture,
la sculpture, la peinture, et à montrer comment les périodes de leur
ascension, de leur éclat et de leur décadence se rattachent au respect
ou à l'oubli de ces lois. Dans ce travail, qui sera éclairé par l'histoire,
on verra nettement ce qui unit les arts du dessin et ce qui les sépare;
mais déjà nous pouvons entrevoir que la sculpture et la peinture devront
se souvenir de leur commune origine, si elles veulent reconquérir la
grandeur qu'une entière indépendance leui a fait perdre. La statuaire
ne sera grandiose et monumentale qu'en s'éloignant de la peinture pour
se rapprocher de l'architecture. De son côté, le peintre, lorsqu'il voudra
monter aux plus hautes régions de son art, sans en franchir les limites,
devra se rapprocher également de ses deux aînés, l'architecte et le sculp-
teur. Il y perdra sans doute une partie de sa liberté; mais que d'autorité
il regagnera dans cette austère obéissance! Quelle imposante majesté
dans ces représentations murales dont la pâleur grave ne troublera ni
l'harmonie de l'édifice ni le recueillement de la pensée, et dont les
figures, passant comme des ombres heureuses, et couvrant le mur sans
le renverser, rappelleront les tranquilles et doux bas-reliefs des temples
antiques !

Cependant, il est arrivé qu'en descendant le cours de l'histoire, les
arts du dessin ont suivi une marche tout à fait contraire. L'architecture,
par exemple, après avoir embrassé et dominé tous les arts, a subi leur
influence à son tour; elle est devenue sculpturale chez les païens et pit-
toresque dans le christianisme. De son côté la statuaire, sortant de son
domaine, a voulu s'enrichir des effets qui appartiennent seulement à la
peinture, se colorer par le jeu des ombres, se remuer jusqu'au tour-
ment, et rechercher les impossibles apparences de la vie réelle, au
lieu de s'en tenir aux accents d'une vie idéale et supérieure...

Nous aurons à juger les conséquences de ces déviations successives,
mais le moment n'est pas encore venu d'en dire davantage touchant les
arts issus de l'architecture. Qu'il nous suffise d'avoir donné ici une indi-
cation de ce qui sera développé dans la seconde et la troisième partie de
cet ouvrage. La première — tout ce qui précède le fait assez voir — ap-
partient de droit à l'architecture, puisque la raison et l'histoire s'accor-
dent à lui assigner le premier rang, et c'est là sans doute le sens du
symbolisme qui fit représenter jadis la mère des dieux, l'antique Gybèle,
le front ceint d'une couronne de tours.

C TT A I» L E S BLANC.
 
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