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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 4
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Vitet, Louis: Monuments antiques de la Ville d'Orange, [2]
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208 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

miers rangs n'ont pas été détruits, c'est qu'ils sont assis sur le roc. La mu-
raille, au contraire, contre laquelle la scène était adossée, et les construc-
tions latérales qui la flanquaient de droite et de gauche, ce que les
anciens appelaient le postscenium, le proscenium et le parascenium, sont
restés debout comme par miracle. La masse tout entière en subsiste, il
n'y manque que les revêtements décoratifs. Là, comme dans presque tous
les monuments antiques, cette partie délicate a été brisée, mutilée, dé-
robée; mais les rares fragments qui en restent permettent de la resti-
tuer dans son ancien état sans grand effort d'imagination et sans abus de
conjectures.

Est-il besoin d'insister sur le prix inestimable d'un pareil monument?
Mettez de côté sa valeur archéologique, oubliez qu'il est peut-être unique
au monde et qu'il sert à éclaircir un des points les plus obscurs, les plus
énigmatiques de l'architecture des anciens; il n'en restera pas moins au
premier rang par le grandiose des proportions, la beauté de l'appareil, les
dimensions des matériaux, la fermeté du style. Chaque fois qu'il nous est
arrivé de voir et de mesurer des yeux cette immense façade, notre sur-
prise a été plus grande. L'étonnement s'accroît quand on a la mémoire
encore fraîche des monuments de l'Italie, car il n'existe, même à Rome,
qu'une seule œuvre de main romaine dont la grandeur soit plus Impo-
sante encore, c'est à savoir le Colisée. Après ce géant des amphithéâtres
on peut placer hardiment le théâtre d'Orange. Et c'est dans une chétive
petite ville qu'on rencontre ce colosse! Contraste étrange qui ajoute en-
core, si c'est possible, à la grandeur de l'édifice.

Nous ne voulons pas nous arrêter aux questions que soulève cette dis-
proportion entre le monument et la ville. Orange, nous le savons, est
bien déchue de sa primitive importance; sans avoir joué jamais un grand
rôle, cette cité fut, pendant quelques siècles, autrement peuplée qu'au-
jourd'hui, ce qui ne veut pas dire qu'elle le fût beaucoup. X suivre le
développement de ses anciennes murailles, dont la trace est encore
visible, on reconnaît que, même en ses meilleurs jours, le nombre de ses
habitants n'était pas très-considérable. Pourquoi donc lui avoir bâti, et
avec un tel luxe, un théâtre de premier ordre, où plus de sept mille spec-
tateurs pouvaient s'asseoir à l'aise? Puis, à côté de ce théâtre, pourquoi
cette autre construction d'une étendue plus étonnante encore, creusée
dans le même rocher et se prolongeant bien au delà dans la plaine, vaste
hippodrome dont on suit les débris et les substructions à travers les
cours, les jardins, les caves des maisons, sur un parcours de plus de
quatre cents mètres. Dans la plupart des villes soumises aux Romains,
les courses de chars avaient lieu hors des murs, en plein champ : on bâ-
 
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