JAGOPO DE BARBARJ.
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Charles, avait fiancée à ce monarque. Jacopo accompagna-t-il le prince
clans ce voyage? c'est ce que Geildenhauer ne nous dit point. Libre dé-
sormais de tous soins administratifs, « Philippe ne songea plus qu'à em-
bellir son palais de Suytburg. Il s'y entoura d'orfèvres, d'architectes, de
sculpteurs, de peintres, avec lesquels il vivait familièrement au point
qu'on aurait pu le prendre pour l'un d'eux. Des poètes attachés à son ser-
vice étaient chargés de faire des vers, des inscriptions pour ses monu-
ments, ses tableaux, afin que ceux-ci montrassent une double peinture,
l'une muette, l'autre parlante. Il entourait de faveurs insignes, logeait
généreusement dans son propre palais les artistes de tous genres qui
s'étaient distingués. Il avait fixé auprès de lui, par des munificences ex-
cessives, les peintres et les architectes les plus renommés : Jacopo de
Barbarj le Vénitien et Gossaert de Mabuse, le Zeuxis et l'Apelle de notre
temps. 11 comblait aussi de caresses les professeurs de belles-lettres, dont
plusieurs furent ses amis intimes : Érasme de Rotterdam, connu du
monde entier par ses grands travaux littéraires1, et Jean Paludius, rhé-
teur de l'Académie de Louvain. »
C'est au milieu de cette cour savante et pleine de goût que Jacopo de
Barbarj passa plusieurs années, exerçant sur les écoles dégénérées des
Flandres une influence considérable due à son talent, à sa qualité d'Ita-
lien et à la haute protection dont il était l'objet.
La date exacte de sa mort n'est point connue, mais elle doit être pla-
cée avant l'an 1516, puisque dans l'inventaire que madame Marguerite
dressa de son mobilier à Malines, le 17 juillet de cette année, il est fait
mention des peintures de feu maître Jacopo de Barbarj. Cet artiste ne
prit donc aucune part aux embellissements que Philippe, nommé en 1516
à l'évêché d'Utrecht, apporta dans la ville de Dordrecht, où il fit con-
struire des palais qu'il emplissait de sculptures, de peintures et d'œuvres
céramiques d'une richesse telle que le naïf historien du prince « doutait
fort que l'Italie elle-même pût offrir de semblables merveilles. »
II
SES PEINTURES
Sans être un peintre de premier ordre, Jacopo de Barbarj jouit,
de son vivant même, d'une grande réputation. Ses œuvres estimées figu-
î. Érasme a été aussi bon peintre; peut-être est-ce à celte cour qu'il étudia.
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Charles, avait fiancée à ce monarque. Jacopo accompagna-t-il le prince
clans ce voyage? c'est ce que Geildenhauer ne nous dit point. Libre dé-
sormais de tous soins administratifs, « Philippe ne songea plus qu'à em-
bellir son palais de Suytburg. Il s'y entoura d'orfèvres, d'architectes, de
sculpteurs, de peintres, avec lesquels il vivait familièrement au point
qu'on aurait pu le prendre pour l'un d'eux. Des poètes attachés à son ser-
vice étaient chargés de faire des vers, des inscriptions pour ses monu-
ments, ses tableaux, afin que ceux-ci montrassent une double peinture,
l'une muette, l'autre parlante. Il entourait de faveurs insignes, logeait
généreusement dans son propre palais les artistes de tous genres qui
s'étaient distingués. Il avait fixé auprès de lui, par des munificences ex-
cessives, les peintres et les architectes les plus renommés : Jacopo de
Barbarj le Vénitien et Gossaert de Mabuse, le Zeuxis et l'Apelle de notre
temps. 11 comblait aussi de caresses les professeurs de belles-lettres, dont
plusieurs furent ses amis intimes : Érasme de Rotterdam, connu du
monde entier par ses grands travaux littéraires1, et Jean Paludius, rhé-
teur de l'Académie de Louvain. »
C'est au milieu de cette cour savante et pleine de goût que Jacopo de
Barbarj passa plusieurs années, exerçant sur les écoles dégénérées des
Flandres une influence considérable due à son talent, à sa qualité d'Ita-
lien et à la haute protection dont il était l'objet.
La date exacte de sa mort n'est point connue, mais elle doit être pla-
cée avant l'an 1516, puisque dans l'inventaire que madame Marguerite
dressa de son mobilier à Malines, le 17 juillet de cette année, il est fait
mention des peintures de feu maître Jacopo de Barbarj. Cet artiste ne
prit donc aucune part aux embellissements que Philippe, nommé en 1516
à l'évêché d'Utrecht, apporta dans la ville de Dordrecht, où il fit con-
struire des palais qu'il emplissait de sculptures, de peintures et d'œuvres
céramiques d'une richesse telle que le naïf historien du prince « doutait
fort que l'Italie elle-même pût offrir de semblables merveilles. »
II
SES PEINTURES
Sans être un peintre de premier ordre, Jacopo de Barbarj jouit,
de son vivant même, d'une grande réputation. Ses œuvres estimées figu-
î. Érasme a été aussi bon peintre; peut-être est-ce à celte cour qu'il étudia.