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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Recherches sur l'histoire de l'orfèvrerie française, [7]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0361

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350 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

poivrière en or dont la description nous a été conservée par l'auteur du
catalogue du cabinet Randon de Boisset : « La salière était représentée
par un matelot assis sur un rocher et tenant une huître ; la poivrière
par un jeune garçon qui tenait un sac sur lequel était figuré du poivre
en grain. » Ces deux morceaux, dont chacun se plut à reconnaître le
bon goût et la merveilleuse exécution, reposaient sur des pieds octo-
gones en vermeil, et ils furent vendus (5,000 livres. A la vente du cabinet
Jacqmin, on vit passer un autre petit chef-d'œuvre d'Auguste ; c'était un
médaillon placé sur une boîte, et représentant un groupe d'enfants se
livrant à divers jeux. Les Tablettes de renommée, qui font mention d'Au-
guste en 1772, le citent pour son habileté dans « tout ce qui concerne
la vaisselle et les bijoux ciselés. »

A l'avènement de Louis XYI, Auguste devint l'orfèvre préféré de la
cour. Chargé d'exécuter la couronne du sacre, il montra dans ce travail
un goût dont les connaisseurs surent lui tenir compte, et qui le mit au
premier rang parmi les artistes du nouveau règne. Plus tard, il devint,
avec son fils, fermier et régisseur des affinages de Paris, de Lyon et de
Trévoux (lettres patentes du 20 janvier 1788). Enfin, par une lettre iné-
dite conservée à Versailles dans la collection d'autographes de M. Fossé-
Darcosse, et timbrée du 23 ventôse an xin, le miniaturiste Augustin
nous apprend qu'Auguste vient de mourir au Louvre. Cet habile artiste
a une véritable importance historique : il caractérise d'autant mieux le
goût du temps de Louis XYI que nous savons qu'en matière d'art il avait
embrassé les doctrines nouvelles, et qu'il recherchait avant tout les
formes pures imitées de l'antique. Ce témoignage lui est rendu par un
des apôtres de la réforme, Bachelier, qui, dans un discours prononcé à
l'école gratuite de dessin, en 1779, le cite comme un modèle, et presque
comme un Grec1. Tous entendez bien qu'il s'agit ici d'un Grec à la ma-
nière de Tien.

Auguste n'avait pas été seul employé à faire la couronne du sacre :
les travaux de cette œuvre solennelle exigeaient toujours le concours de
deux artistes, un orfèvre et un joaillier ; à l'habileté d'Auguste, on asso-
cia donc celle d'Aubert. Le Régent, le Sancy et les plus belles pierreries du

1. Journal de Paris, 28 décembre 1779. Notons, en passant, que Bachelier décerne
le môme éloge a l'orfèvre Rameau qui, sans avoir jamais eu autant de réputation
qu'Auguste, doit cependant être considéré comme un artiste de quelque mérite. On ne
sait presque rien sur son compte. Suvée, qui avait épousé la fille de Rameau, nous a
laissé un portrait de son beau-père. Dans ce portrait, que nous avons vu au musée de
Bruges, l'artiste est figuré dessinant d'après an modèle en terre cuite ou en cire repré-
sentant un groupe de femmes dans le goût pseudo-antique de Glodion.
 
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