Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (11.1861)

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Jours propres visions; mais ces images ne sont-elles pas remplies d'une
vie puissante? Ils sont, eux, je le veux, de purs Florentins; mais celui-là
n'est-il pas vraiment de la lignée du poëte qui Fa touché d'assez prés
pour recevoir son souffle? Est-il donc nécessaire, pour en être animé, de
chercher l'inspiration sous les voûtes de la chapelle Sixtine ou de l'église
d'Assise? Les figures austères peintes par celui qui fut le contemporain
du Dante et son ami, ou les grandes et terribles figures du Jugement
dernier, sont-elles les modèles uniques où ceux qu'attire à lui son génie
doivent en chercher à jamais l'empreinte? Et si l'on retrouvait demain
cet exemplaire de la Divine Comédie sur les marges duquel Michel-Ange
avait crayonné tout ce que rendait présent à sa grande âme l'âme du
poëte, vivante dans ses vers, un autre ne devrait-il plus espérer de rien
recevoir d'elle après lui? « Dante, dit Schelling, est comme le grand
prêtre qui initie l'art moderne tout entier à ses destinées. » Il n'a pas
encore achevé de livrer tous ses enseignements.

Tu se' lo mio maestro e"l mio aulorp.

Chacun, comme il les demandait au poëte romain, peut lui demander
à son tour la force et l'harmonie qu'il a répandues dans ses nobles ter-
cets; chacun, quel que soit le langage qui serve de forme à sa pensée,
peintre, musicien ou poëte, peut encore venir puiser l'éloquence à cette
source vive,

Che spande di parla?" si largo fuune.

E. SAGLÎO.