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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 4
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Jacquemart, Albert: Monographie des fai͏̈ences fines dites de Henri II
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308 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mit un intérêt spécial; l'amateur d'art qui n'a pu être assez heureux ou
assez riche pour se procurer un morceau capital aura du moins la con-
solation de conserver sous ses yeux l'image des œuvres les plus splen-
dides répandues par toute l'Europe.

Mais,'avant d'aller plus loin et de parler de l'exécution du livre de
M. Delange, rappelons à nos lecteurs les caractères de la poterie dont il
traite.

Ainsi que nous l'avons dit en commençant, et qu'on l'avait écrit avant
nous dans cette Revue *, la faïence fine du xvie siècle est une énigme. Il
ne faut la confondre, en effet, ni avec les terres vernissées du siècle pré-
cédent, ni avec les terres émaillées inventées par Luca délia Robbia en
Italie, réinventées chez nous par Bernard Palissy; les unes et les autres
ont pour base une argile plastique grossière, brune, poreuse, assez
légère; les dernières sont couvertes d'un émail stannique, opaque, qui
dissimule la couleur du fond et peut recevoir les peintures les plus
suaves. La faïence fine a pour base une terre bien plus dense, plus
serrée, presque blanche et dure après la cuisson, ce qui lui a valu le
nom de cailloulage -y elle est vernie au plomb, c'est-à-dire qu'elle est sim-
plement couverte d'une couche mince, transparente, facilement rayable,
sorte de verre qui lui donne le lustre sans cacher sa couleur naturelle.

Gomment cette utile fabrication a-t-elle pris subitement naissance
pour se perdre, sans doute à la mort de son inventeur, et reparaître plus
d'un siècle après en Angleterre? Voilà une première question bientôt
suivie de beaucoup d'autres. Ne s'est-on pas demandé, déjà et dès le
principe, en quel lieu, par quelles mains une industrie aussi exception-
nelle avait pu être mise en honneur?

Il faut bien le remarquer, lorsque Palissy poursuivait la recherche
de l'art de terre, pauvre, inconnu, il travaillait en vue de tous; ses voi-
sins, ses créanciers formèrent sa première clientèle, et c'est la voix pu-
blique qui, proclamant ses succès, lui fit obtenir le titre de fabricant des
rustiques figulines élu roi. Aussi, dans ses nombreux ouvrages, presque
point d'armoiries, point de chiffres. L'auteur des faïences fines travaille
dans une voie différente; toute pièce sortie de ses mains a sa place mar-
quée d'avance, toujours chez les grands, souvent chez les souverains.
C'est ainsi, et par suite d'une erreur causée par la nature des emblèmes
tracés sur les spécimens connus les premiers, qu'on a considéré ses
œuvres comme destinées exclusivement à Henri II, et constituant les
débris d'un service unique.

4. Tome V, p. 32.
 
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