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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 4
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Siegmund, ...: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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37/, GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

positions lirées de l'Apocalypse, depuis si longtemps attendues. Ces adieux ont été
touchants. Plusieurs discours ont été prononcés ; Overbeck notamment a parle avec
une émotion, qui s'est facilement communiquée à ses auditeurs, de la vieille affection
qui l'a constamment uni à son ami; il a rappelé les ouvrages célèbres qu'il a produits
dans le cours de sa glorieuse carrière, et annoncé ceux qu'on va bientôt lui devoir et
qui seront sans doute l'expression suprême de son génie. Cornélius, à son passage dans
les villes qu'il devait traverser, particulièrement à Munich, a été reçu triomphalement
avec la jeune et gracieuse Italienne qu'il a récemment épousée et qu'il amène dans sa
nouvelle patrie. Il est arrivé à Berlin le 18 juin ; quatre jours après, une députation de
l'Académie est allée le complimenter avec une solennité un peu froide, et je n'ai pas été
peu surpris, en lisant ce qu'on a publié de l'allocution ingénieuse de M. le professeur
Hensel, de voir cette démarche présentée comms une très-haute marque d'estime pour
le peintre et comme « la preuve convaincante que le chemin de sa patrie lui est libre-
ment ouvert. » J'avoue ne pas bien comprendre ce que cela veut dire, à moins que
Cornélius, bien que membre de l'Académie, n'ait besoin d'être rassuré sur les senti-
ments qu'elle professe à son égard, lui qui, toute sa vie, en effet, a fait bon marché du
formalisme académique. Il n'en a pas dirigé avec moins d'autorité les écoles à la tête
desquelles il a été placé, fondé celle de Munich, et formé par ses exemples, dans toute
l'Allemagne, des élèves qui sont aujourd'hui les plus sérieux de nos académiciens.
Hélas! en revenant se fixer parmi eux, combien d'illustres confrères qu'il ne retrou-
vera pas !

Les œuvres de la plupart des artistes allemands sont trop peu connues de vos lec-
teurs, en général, pour qu'il leur paraisse intéressant d'en lire l'énumération ou d'ap-
prendre quelques particularités de la vie de leurs auteurs, à mesure qu'ils disparaissent
de la scène. Il est cependant des noms qui ne peuvent être ignorés, des œuvres dont
la réputation tout au moins est arrivée jusqu'à eux. Vous avez consacré à la mémoire
de Rauch un article de la Gazette des Beaux-Arts. Puisque vous n'avez encore pu faire
connaître de la même manière Rietschel, son élève et son successeur, et puisque je n'ai
pu moi-même payer tribut à sa mémoire, depuis que nous l'avons perdu, permettez-
moi de dire ici en quelques lignes ce qu'il a été. Né à Pulsnitz, en Saxe, en 1804, il
sentit de bonne heure se déclarer en lui la vocation d'artiste. Ses parents, petits fabri-
cants, l'avaient placé dans un magasin d'épicerie. Il n'y montra aucune aptitude pour
le commerce ; en revanche il faisait preuve de remarquables dispositions pour le des-
sin, qui le firent congédier par ses patrons. Son parti fut bientôt pris; il se rendit à
Dresde, se présenta à l'école académique, où il fut reçu et bientôt remarqué. Son dessin
était pur, correct, avec un caractère particulier de netteté qui lui fit donner le conseil
de se vouer à la gravure. On lui prédisait dans peu de temps, s'il s'y appliquait, un
succès assuré. Mais il avait reconnu dès lors que sa véritable vocation était la statuaire ;
il se mit à modeler, renonçant aux brillantes promesses qu'on lui faisait dans une autre
voie, et à un gain facile ; et n'ayant d'autres ressources que la très-modique pension
que pouvaient lui faire ses parents, dînant deux fois par semaine, le reste du temps,
dit-on, se nourrissant de pommes de terre, il continua courageusement à se préparer
par de fortes études à l'art qu'il voulait exercer. A sa sortie de l'Académie, il entra
chez un sculpteur dont la principale occupation était de composer des modèles pour
une fonderie située aux environs de Dresde. Il y apportait un talent bien supérieur à
la tâche qu'on lui imposait, et il eut bientôt l'occasion de le montrer en exécutant une
ûgure de Neptune haute de huit pieds, dont les grandes qualités frappèrent le directeur
 
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