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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 5
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Lagrange, Léon: Exposition régionale des beaux-arts a Marseille, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0449

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/, 3/, GAZ E T T E I ) E S 13 E A U X - A R T S.

ouvert aux artistes flamands le chemin de sa petite capitale, bientôt rem-
plie de leurs œuvres. En liant Fart provençal à une école illustre et
féconde, il a plus fait que s'il ne lui eût laissé que le stérile exemple
d'un roi peintre.

Ce n'est pas un mince honneur pour la ville d'Aix d'avoir connu des
premières le mâle talent de Yan Eyck, d'avoir possédé, du vivant même
du maître, et conservé jusqu'à nos jours un de ses plus beaux ouvrages.
11 faut aller en Belgique pour trouver l'égal du triptyque de Saint-Sau-
veur. L'attribution de notre ami et collaborateur Renouvier1, corroborée
de celle de M. Waagen, reçoit à l'exposition de Marseille une confirma-
tion éclatante. Toutefois, les tons bruns et chauds, regardés comme un
argument décisif en faveur de Yan Eyck, ont en partie disparu, par suite
d'un nettoyage récent, qui, bien qu'exécuté de la façon la plus intelli-
gente^ a aussi atténué le brillant des étoffes. Mais l'individualité des têtes,
le réalisme expressif des physionomies et des mouvements, le modelé
précis et ferme sans sécheresse, le rendu patient de tous les détails, le
caractère poétique du fond de paysage, tant de qualités décisives, por-
tées à un degré qui sent le maître, désignent hautement Jean Yan Eyck.
Si quelque jour des documents nouveaux venaient révéler le nom du
peintre inconnu, il faudrait conclure que Yan Eyck eut auprès de lui un
redoutable rival, et inscrire ce nom à côté de celui du maître de Bruges.

Les volets du triptyque, qui représentent le roi René et sa femme,
Jeanne de Laval, agenouillés au milieu de leurs patrons, ont toujours été
jugés d'une exécution postérieure au panneau central. Mais celui qui les
a peints sortait aussi de l'école de Bruges, et méritait de lui appartenir.
11 n'eut à faire qu'œuvre de portraitiste, car les saints patrons aussi sont
des portraits; il s'en acquitta avec cette puissance de vérité qui caracté-
rise l'art flamand. Au contraire, Yan Eyck a pu, dans la partie centrale,
donner carrière à son imagination mystique, encouragée peut-être parles
rêveries du roi. Le buisson ardent que contemple Moïse est devenu le
trône de la Yierge Marie, trône incombustible, symbole de son incorrup-
tible virginité. Ainsi l'explique une inscription peinte au bas du cadre, et
l'ange qui montre le buisson à Moïse semble commenter l'inscription 2.

\. Les Peintres et les Enlumineurs du roi René, par Jules Renouvier. — Extrait
des publications de la Société archéologique de Montpellier, nos 24 et 2o. Montpellier,
Jean Martel.; 1857.

2. Cet important triptyque, connu seulement jusqu'ici par une médiocre gravure
au trait, va être reproduit dans XAlbum photographique. publié à Marseille par
M. Terris, album qui contiendra plus de cent reproductions de peintures, sculptures el
dessins de l'exposition marseillaise.
 
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