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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 6
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Delaborde, Henri: Un bas-relief d'Antonio Rossellino
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0517

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502 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

crayons^ malgré la finesse souvent exquise de leur manière, n'ont et ne
sauraient avoir, clans l'histoire de la peinture en France, que le rôle de
précurseurs. Ils annoncent les progrès futurs de notre école plutôt qu'ils
n'en installent la gloire; ils ne font que reconnaître, que préparer la
voie où de plus hardis et de plus forts entreront bientôt pour la par-
courir jusqu'au bout. Cousin est, si l'on veut, le Ronsard de cette autre
Pléiade, en ce sens qu'il garde, parmi les artistes contemporains, l'atti-
tude et le bon vouloir d'un réformateur; il ne s'ensuit pas, toutefois, que
l'art soit régénéré pour cela. À peine réussit-il à laisser pressentir sa
régénération prochaine, et si la sculpture a produit déjà plus d'un chef-
d'œuvre digne des chefs-d'œuvre littéraires qui vont suivre, le temps
n'est pas venu où la peinture française aura dans Poussin son Corneille :
elle n'a eu encore que ses Brantôme ou ses Àmyot dans les portraitistes
du xvie siècle.

En Italie, au contraire, nul temps d'arrêt, nulle inégalité de crois-
sance entre les diverses branches de. l'art, une fois que la séve a com-
mencé d'y circuler et d'y stimuler la vie. Tandis que Nicolas de Pise et
ses disciples ouvrent pour la sculpture l'ère des progrès féconds et des
réformes décisives, Giunta de Pise, Ventura et Ursone de Bologne, Mar-
garitone d'Arezzo, d'autres peintres encore, antérieurs même à Cimabue,
s'emparent des exemples fournis par le ciseau pour essayer de donner à
leurs*propres travaux une correction relative et une certaine vraisem-
blance. Avec Cimabue et surtout avec Giotto, le progrès se continue, les
intentions s'affirment, une sorte d'âpre véracité devient l'élément essen-
tiel, la condition nécessaire de toute œuvre du pinceau, de même que
les statues ou les tombeaux sculptés dans les églises accusent de plus
en plus cette énergique naïveté du style, cette mâle sincérité. Tout
change, il est vrai, après que les deux générations des Giottesehi ont,
dans leurs tableaux aussi bien que dans leurs bas-reliefs, achevé de
définir la doctrine du maître et d'en populariser les principes. Depuis le
Triomphe de la Mort, peint à Pise par Andréa Orgagna, le sculpteur du
tabernacle d'Or' san Michèle, jusqu'aux fresques de Lorenzo de' Bicci
sur les murs de l'hôpital de Santa Maria Nuova à Florence; depuis la
porte de bronze ciselée par Andréa Pisano pour le baptistère de Saint-
Jean et les bas-reliefs qui décorent la façade de la cathédrale d'Orvieto,
jusqu'au tombeau de Francesco Pazzi dans le cloître de Santa Croce, le
nombre est grand de ces œuvres austères où le ciseau et le pinceau
semblent avoir obéi aux mêmes inspirations, à la même discipline, aux
mêmes lois. Mais lorsque cette première révolution est partout accom-
plie, lorsque les élèves de Giotto et les successeurs de ceux-ci ont pieu-
 
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