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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 6
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Lagrange, Léon: Exposition régionale des beaux-arts à Marseille, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0560

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EXPOSITION DES BEAUX-ARTS A MARSEILLE. 5^3

un troisième (n° 876). Rigaud a rarement atteint à autant de distinction,
rarement aussi il a produit une œuvre plus ridiculement belle ou plus
superbement ridicule que le portrait d'un membre de la famille de Guei-
dan en Joueur de cornemuse^ Imaginez un berger vêtu de satin, portant
une cornemuse et une panetière de velours bleu de ciel brodé d'argent,
et, sur ce déguisement grotesque, placez la tête d'un grave président en
perruque poudrée. L'exécution du costume, des accessoires et du paysage
paraît d'autant plus prodigieuse qu'un nettoyage récent a rendu à la
toile la fraîcheur de son premier jour; mais ce nettoyage a enlevé les
glacis de la tête et des mains, et par là détruit l'harmonie d'un tableau
qui devait être le plus bizarre chef-d'œuvre de son auteur.

Gardons-nous d'oublier en passant un superbe portrait d'homme de
J.-F. deTroy, et citons encore un délicieux petit portrait de genre, catalo-
gué sous le nom de Robert Tournière : c'est une femme vêtue de blanc,
accoudée à un balcon d'où pend un riche tapis. Si nous connaissions de
la main de Nattier des accessoires aussi habilement traités, c'est lui qu'il
faudrait nommer ici, tant lui appartiennent et la grâce toute parisienne
de la jeune femme, et son teint de lis et de rose, et les draperies blanches
qui enveloppent ses beaux bras.

Le xviie siècle se ferme avec Watteau, dont l'exposition possède un
délicieux petit morceau, un seul, le Guitariste. 11 a appartenu au peintre
Réattu, d'Ar]es, qui l'avait apporté de Paris et qui le conservait précieu-
sement. Sa fille, madame Grange, de qui le tient l'exposition, ne lui a
même pas enlevé son cadre ancien. Pour la plupart des amateurs du Midi,
habitués à des Watteau de contrebande, ce tableautin ne dit pas grand'-
chose : on y voit trois personnages assis, dont deux femmes, et un musicien
debout, tenant une guitare. Pour nous, il nous rappelle les plus précieux
bijoux de M. Lacaze. La touche en est perlée, le ton vénitien, le paysage
profond et chaud soutient admirablement les figurines fermes et déliées.

Dans le xvme siècle, l'école française ne nous offre guère que trois
excellents morceaux de Boucher, un Amour et une Femme du musée de
Toulon, et des Jeux d'enfant ; un sujet assez piquant, VAmour docteury
peint par Charles Goypel en 1739, et un portrait de Greuze. Mais c'est le
moment où l'art provençal prend un développement nouveau.

Le coloris clair et fin de Renaud Levieux, adopté par les Yanloo, a
détrôné l'ancienne peinture. Raoux, à Montpellier, et Pierre Parrocel, à
Avignon, cherchent encore des effets tranchés par l'emploi des ombres
rousses, ainsi que le prouvent les tableaux de ce dernier empruntés aux
églises de Tarascon et de Beaucaire. Mais déjà Sauvan enlève sur des
ombres blondes les lumières délicates de ses Anges adorant VAgneau
 
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