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GAZETTE DES BEAUX-AKTS.
L'ordre dorique pur exprime la force; il l'exprime par des colonnes
courtes et sans base qui semblent implantées dans le sol; il l'exprime
par une échine évasée dont la courbe commence en ligne droite; il l'ex-
prime encore par l'épaisseur de l'abaque, par la hauteur de l'archi-
trave, par les solives, dont la présence est énergiquement rappelée au
moyen du triglyphe ; enfin, par ce que Yitruve nomme si bien « l'âpreté
des entre-colonnements. » Eh bien, c'est en modifiant l'un après l'autre
ces indices de force que les Grecs d'Ionie vont exprimer, par opposition,
des sentiments de délicatesse et d'élégance.
Dans l'ordre ionique, dont le dessin est sous les yeux du lecteur, la
colonne a une base, mais une base ronde, qui, ne reposant pas sur
une plinthe, porte immédiatement sur les degrés. L'idée de solidité
devant faire place à une idée d'élégance, l'image d'une implantation
dans le sol n'est plus nécessaire, et le cède au besoin de varier l'expres-
sion de la colonne. La base est du reste une invention asiatique. A
mesure qu'on avance vers l'Orient, on la voit grandir et se développer
à tel point que, dans l'Inde, où elle est chargée de moulures innom-
brables, elle dépasse quelquefois en hauteur le fût même de la colonne.
BASES GRECQUES DE I.'OBDRE IONIQUE
Temple de la Victoire Aptère. Temple d'Érechthée.
La base ionique, celle des plus beaux monuments d'Athènes, est la base
qu'on nomme attique; elle se compose de deux tores séparés par une
scotie. Au temple d'Érechthée, dans le portique du nord, le tore supérieur
est orné d'une tresse qui rappelle les entrelacs des bas-reliefs persans;
mais dans le portique oriental du même temple, comme dans celui de la
Victoire Aptère, le tore supérieur est divisé en filets qui sont formés pat-
une sorte de cannelure horizontale. En Asie-Mineure, au temple d'Aizani,
décrit par M. Charles Texier, la base ionique porte deux scoties séparées
par un double filet, et un gros tore dont la courbure n'est pas en arc de
cercle, mais rentrée beaucoup plus en bas qu'en haut, cette délicatesse
étant motivée, sans doute, sur ce que la perspective déforme les courbes
engendrées par un arc de cercle.
GAZETTE DES BEAUX-AKTS.
L'ordre dorique pur exprime la force; il l'exprime par des colonnes
courtes et sans base qui semblent implantées dans le sol; il l'exprime
par une échine évasée dont la courbe commence en ligne droite; il l'ex-
prime encore par l'épaisseur de l'abaque, par la hauteur de l'archi-
trave, par les solives, dont la présence est énergiquement rappelée au
moyen du triglyphe ; enfin, par ce que Yitruve nomme si bien « l'âpreté
des entre-colonnements. » Eh bien, c'est en modifiant l'un après l'autre
ces indices de force que les Grecs d'Ionie vont exprimer, par opposition,
des sentiments de délicatesse et d'élégance.
Dans l'ordre ionique, dont le dessin est sous les yeux du lecteur, la
colonne a une base, mais une base ronde, qui, ne reposant pas sur
une plinthe, porte immédiatement sur les degrés. L'idée de solidité
devant faire place à une idée d'élégance, l'image d'une implantation
dans le sol n'est plus nécessaire, et le cède au besoin de varier l'expres-
sion de la colonne. La base est du reste une invention asiatique. A
mesure qu'on avance vers l'Orient, on la voit grandir et se développer
à tel point que, dans l'Inde, où elle est chargée de moulures innom-
brables, elle dépasse quelquefois en hauteur le fût même de la colonne.
BASES GRECQUES DE I.'OBDRE IONIQUE
Temple de la Victoire Aptère. Temple d'Érechthée.
La base ionique, celle des plus beaux monuments d'Athènes, est la base
qu'on nomme attique; elle se compose de deux tores séparés par une
scotie. Au temple d'Érechthée, dans le portique du nord, le tore supérieur
est orné d'une tresse qui rappelle les entrelacs des bas-reliefs persans;
mais dans le portique oriental du même temple, comme dans celui de la
Victoire Aptère, le tore supérieur est divisé en filets qui sont formés pat-
une sorte de cannelure horizontale. En Asie-Mineure, au temple d'Aizani,
décrit par M. Charles Texier, la base ionique porte deux scoties séparées
par un double filet, et un gros tore dont la courbure n'est pas en arc de
cercle, mais rentrée beaucoup plus en bas qu'en haut, cette délicatesse
étant motivée, sans doute, sur ce que la perspective déforme les courbes
engendrées par un arc de cercle.