GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN. Z|03
édifice pour en rehausser l'ordonnance, pour en achever le prestige et la
grandeur.
Tantôt, comme à Didyme, à Palmyre, à Ëleusis, le temple est enfermé
dans une vaste enceinte, dans un péribole, et le dieu se trouve ainsi dou-
blement séparé des choses profanes et du vulgaire. Tantôt le temple est
situé, comme à Sunium, sur un promontoire d'où il apparaît aux naviga-
teurs comme un asile gardé par une divinité protectrice. Le calme de
ses lignes horizontales domine alors les accidents d'une montagne escar-
pée et les soulèvements de la mer. A Gorinthe, le vieux temple dorique
aux proportions si pesantes, si rudes, s'élevait sur le penchant de la
citadelle, près de l'isthme cher à Neptune, et de la fontaine Pirène, qui
jaillit de l'Acrocorinthe, et où Pégase allait se désaltérer. A Athènes,
c'est sur un groupe de rochers superbes que s'élèvent les Propylées, les
temples de la Victoire sans ailes et de Minerve Poliade, et le Parthénon
qu'on aperçoit du golfe Saronique, majestueux encore dans ses ruines,
élégant et fier. A Rliamnus, la situation des deux temples est d'une beauté
incomparable. Bâtis à l'extrémité d'un plateau dont le sol est riche, mais
coupé de rochers et couvert çà et là de grands chênes, ces petits monu-
ments se détachaient sur une montagne plus élevée ou sur le ciel, suivant
le point d'où on les regardait. A leur pied, au bas d'une pente abrupte,
s'ouvrait le port de Rhamnus sur le détroit de l'Euripe qui sépare l'At-
taque de l'Eubée. Tournés vers l'orient, ils présentaient leur colonnade
latérale à ceux qui naviguaient sur l'Euripe, et ils étaient séparés du pré-
cipice par une plate-forme que soutenaient des murs d'une construction
imposante. A gauche du port, en regardant la mer, se dressait sur une
éminence l'antique forteresse construite tout en marbre, et dont nous
avons vu la porte grandiose et les fortes murailles du plus beau travail
hellénique. Mais les deux temples dominaient et le port et la forteresse,
et les collines de l'Eubée qu'on aperçoit sur l'autre rive, creusées de
ravins profonds qui laissent pénétrer le regard dans la presqu'île. Impos-
sible de choisir un plus beau site pour y placer le temple de Némésis.
Aussi les anciens, supposant qu'elle se plaisait dans ce pays d'une magni-
ficence sauvage, l'appelaient la vierge de Rhamnus, Rhamnusia virgo.
Quelquefois, comme à Épidaure ou dans la plaine d'Olympie, le temple
est environné d'un bois sacré, et l'on y arrive en traversant des ombrages
d'oliviers, de platanes ou de cyprès, des clairières égayées par des
palestres, des lieux peuplés de statues, ornés d'autels, de trépieds, de
stèles honorifiques, de colonnes où sont inscrits les noms des malades
guéris par Esculape, ou de chars consacrés aux vainqueurs des jeux
Olympiques.
édifice pour en rehausser l'ordonnance, pour en achever le prestige et la
grandeur.
Tantôt, comme à Didyme, à Palmyre, à Ëleusis, le temple est enfermé
dans une vaste enceinte, dans un péribole, et le dieu se trouve ainsi dou-
blement séparé des choses profanes et du vulgaire. Tantôt le temple est
situé, comme à Sunium, sur un promontoire d'où il apparaît aux naviga-
teurs comme un asile gardé par une divinité protectrice. Le calme de
ses lignes horizontales domine alors les accidents d'une montagne escar-
pée et les soulèvements de la mer. A Gorinthe, le vieux temple dorique
aux proportions si pesantes, si rudes, s'élevait sur le penchant de la
citadelle, près de l'isthme cher à Neptune, et de la fontaine Pirène, qui
jaillit de l'Acrocorinthe, et où Pégase allait se désaltérer. A Athènes,
c'est sur un groupe de rochers superbes que s'élèvent les Propylées, les
temples de la Victoire sans ailes et de Minerve Poliade, et le Parthénon
qu'on aperçoit du golfe Saronique, majestueux encore dans ses ruines,
élégant et fier. A Rliamnus, la situation des deux temples est d'une beauté
incomparable. Bâtis à l'extrémité d'un plateau dont le sol est riche, mais
coupé de rochers et couvert çà et là de grands chênes, ces petits monu-
ments se détachaient sur une montagne plus élevée ou sur le ciel, suivant
le point d'où on les regardait. A leur pied, au bas d'une pente abrupte,
s'ouvrait le port de Rhamnus sur le détroit de l'Euripe qui sépare l'At-
taque de l'Eubée. Tournés vers l'orient, ils présentaient leur colonnade
latérale à ceux qui naviguaient sur l'Euripe, et ils étaient séparés du pré-
cipice par une plate-forme que soutenaient des murs d'une construction
imposante. A gauche du port, en regardant la mer, se dressait sur une
éminence l'antique forteresse construite tout en marbre, et dont nous
avons vu la porte grandiose et les fortes murailles du plus beau travail
hellénique. Mais les deux temples dominaient et le port et la forteresse,
et les collines de l'Eubée qu'on aperçoit sur l'autre rive, creusées de
ravins profonds qui laissent pénétrer le regard dans la presqu'île. Impos-
sible de choisir un plus beau site pour y placer le temple de Némésis.
Aussi les anciens, supposant qu'elle se plaisait dans ce pays d'une magni-
ficence sauvage, l'appelaient la vierge de Rhamnus, Rhamnusia virgo.
Quelquefois, comme à Épidaure ou dans la plaine d'Olympie, le temple
est environné d'un bois sacré, et l'on y arrive en traversant des ombrages
d'oliviers, de platanes ou de cyprès, des clairières égayées par des
palestres, des lieux peuplés de statues, ornés d'autels, de trépieds, de
stèles honorifiques, de colonnes où sont inscrits les noms des malades
guéris par Esculape, ou de chars consacrés aux vainqueurs des jeux
Olympiques.