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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 14.1863

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Nr. 5
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 1, Architecture, 23: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.17333#0417

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Que s'il nous plaît d'aller maintenant visiter les colonies grecques,
nous n'avons qu'à suivre le cours du fleuve qu'arrose la plaine d'Olympie.
Touchée de l'amour d'Alphée pour la nymphe Aréthuse, la mer laissera
couler le fleuve d'eau douce sans y mêler l'amertume de ses ondes, et
nous nous retrouverons sur les côtes de la Sicile, en vue de Syracuse,
près de la nymphe changée en fontaine... Le peuple qui, dans sa naïve
poésie, trouva des fictions aussi aimables pour exprimer l'attachement
des colonies à leur métropole, malgré la distance et à travers les flots de
la mer, un tel peuple, dis-je, devait porter en toute chose la délicatesse
des impressions, le sentiment de l'art. Pas un temple de la Sicile qui ne
soit situé sur une acropole ou au sommet d'un amphithéâtre, ou sur un
soubassement de rochers dominant des collines taillées en remparts. Mé-
taponte, Grotone, aussi bien que Syracuse, Sélinonte, Agrigente, font bien
voir que les Grecs ont excellé à choisir le site de leurs monuments.
« Lorsqu'on s'arrête à l'entrée de l'Acropole, dit M. Hittorff {Notice sur
les ruines d'Agrigenlé), et qu'où voit de ce point les mouvements du sol
sur lequel s'élevait la rivale de Carthage, et les montagnes aux belles
silhouettes avec les vallées qui les environnent, enfin l'immense étendue
de la mer Libyque, on se trouve impuissant à décrire le panorama que
l'œil embrasse d'un seul regard. »

Par quelle fatalité le seul auteur antique dont nous possédions un
livre sur l'architecture n'a-t-il connu aucun de ces beaux temples qui,
depuis la rive occidentale de l'Italie jusqu'au fond de la mer Égée, déco-
raient les villes grecques, couronnaient les promontoires et souvent
embellissaient toute une province! "Vitruve, en parlant de l'orientation
des temples, a posé un principe qui est démenti par toute l'architecture
grecque. « Les demeures sacrées des dieux immortels, dit-il, doivent être
« orientées de manière que, si rien ne s'y oppose, la statue du dieu qui
« aura été placée dans la cella regarde l'occident, afin que ceux qui
« viennent faire des sacrifices aient le visage tourné vers l'orient et vers
« la statue, et pour que le dieu lui-même, paraissant se lever avec le
« soleil, jette ses regards sur les suppliants et les sacrificateurs. » Con-
trairement à ce passage de Vitruve, tous les temples grecs sont tournés
vers l'orient, un seul excepté, celui d'Apollon Kpicurius, à Phigalée, qui
est orienté nord et sud.

Mais nous voici arrivés à une des plus hautes et des plus belles ques-
tions de l'architecture, la polychromie.

L'architecture doit-elle être coloriée à l'extérieur? Telle est la ques-
tion. Nos archéologues en ont cherché la solution dans les faits : c'est par
les principes qu'il faut chercher à la résoudre.
 
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