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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

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Nr. 1
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 2, Sculpture, 14-15: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0070

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GAZETTE DES BEA EX-A MTS.

Et quoniam animorum imagines non surit, ncgliguntuf ctiam rorpo-
rum. »

Quant aux figures entières de style romain, nues ou drapées, elles ne
sauraient non plus soutenir la comparaison avec les statues du grand
style athénien. Prenons pour exemple Y Antinous du Belvédère : les
proportions en sont belles et dignes d’avoir été étudiées, mesurées par
Nicolas Poussin. Les formes sont châtiées; le balancement de la figure est
aisé, noble et gracieux. L’ensemble vous appelle de loin et vous séduit;
mais si l’on y regarde de près, après avoir jeté les yeux sur le Thésée ou
l’Ilissus du Parthénon, on voit que la beauté de l’Antinous s’arrête à la
surface, que les formes en sont relativement rondes et engorgées.. Ce
corps, dont l’anatomie est d’abord si bien décrite, manque d’élasticité et
de chaleur, tandis que l’ilissus et le Thésée offrent l’animation de la vie,
le jeu facile des articulations, et cette souveraine liberté des membres
qui promet le mouvement, parce qu’elle les rend légers et prompts à
obéir. Auprès de ces morceaux incomparables, l’Antinoüs semble froid et
languissant; ses carnations pleines mais chargées deviennent pesantes;
et cette statue célèbre, transportée sur l’Acropole d’Athènes, n’y serait
considérée ni comme un dieu descendu de l’Olympe, ni comme un
athlète destiné aux triomphes du gymnase. Telle est l’infériorité de la
statuaire romaine dans T expression du nu. Ses chefs-d’œuvre, éclipsés par
les morceaux du grand style grec, passent au second ou au troisième
rang. Ils sont évidemment de moins bonne race et de moins haute
lignée.

Amples, convenables et dignes, les draperies romaines sont plus
savamment disposées que saisies sur le vif. L’arrangement en est un
peu froid, comme s’il était appris par cœur. Au temps des empereurs,
du reste, la draperie est peu à peu remplacée par le costume. Lorsque
les statues ne sont pas achillêennes, c’est-à-dire entièrement nues et
armées d’une lance, des cuirasses historiées, aux riches ciselures, cou-
vrent la poitrine des Césars. Ils portent tantôt l’habit militaire, tantôt un
pallium jeté autour des reins, comme la statue de Nerva, au Vatican.
Rome se plaît à costumer l’image des peuples quelle a vaincus. Sur l’arc
de Titus sont représentés les prisonniers juifs traînés en triomphe. Au-
tour de la colonne Trajane sont figurées en bas-reliefs les victoires de
Trajan sur les Daces, reconnaissables à leurs costumes barbares. Marches,
campements, passages de fleuves, batailles, harangues, tous les épisodes
de la guerre y sont retracés d’un style fier jusqu’à la rudesse, aux plans
ressentis, aux accents mâles. En passant d’Athènes à Rome, la sculpture
n’est plus universelle et idéale, mais romaine et positive. Elle s’attache
 
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