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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

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Nr. 6
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Burty, Philippe: L' exposition de la Royal Academy
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0572

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55a

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

verser l’Europe en tous sens sans laisser entamer l’originalité native,
l’Angleterre a de tout temps gardé jalousement ses artistes et leurs œu-
vres. Hier c’était une aristocratie intelligente et riche qui faisait multi-
plier ses portraits, les hauts faits de ses aïeux, les perspectives de ses
parcs, la physionomie mobile de ces mers qui baignent ses comtés ou ses
colonies. Aujourd’hui,une autre aristocratie, celle de l’argent, quia Man-
chester pour capitale, couvre de paquets de banck-notes les scènes de
mœurs ou d’intérieur. Jamais la peinture anglaise n’a donc pu pénétrer
sur le continent et elle n’y pénétrera peut-être jamais, grâce à la robuste
constitution des fortunes par la loi d’héritage. Le gouvernement français
ou quelque très-riche particulier auraient seuls le pouvoir d’acquérir quel-
que morceau important dans les ventes. 11 est navrant de songer que nous
n’avons au Louvre qu’un pauvre petit Bonington, et que des maîtres tels
que Hogarth dans la donnée philosophique, Reynolds et Gainsborough dans
le portrait, Crome et Constable dans le paysage, Turner dans la haute
fantaisie et dans les grandes scènes de la nature, n’v sont représentés
par quoi que ce soit. Que la peinture italienne soit la pierre angulaire de
l’enseignement, je l’accorde. Mais la comparaison aussi est un élément
d’enseignement et le moment est venu d’élargir le programme par tous
les moyens possibles. Si belles qu’elles soient— et l’école duxvm® siècle
a trouvé en Angleterre des interprètes aussi fidèles qu’il y en avait en
France pour l’école française — les quelques manières noires que possède
le Cabinet des estampes ne suffisent point à nous rendre l’effet parlant
des colorations, fin chez Hogarth, juste et brillant chez Gainsborough,
poétique chez Reynolds, simple chez Crome, énergique chez Constable,
varié et puissant chez Turner.

11 faut donc se résigner à faire comme Mahomet, à marcher vers la
montagne. Aussi bien le voyage est charmant. Un jour déjà nous avons pris
un sentier qui nous a conduit chez Seymour Haden. Un autre nous mènera
aujourd’hui jusqu’au sein de la Royal Academy. Il reste la grande route.
Un de nos amis la déblayera sans doute quelque jour. Les maté-
riaux abondent pour la faire large et facile à tous : la National Gallery
possède de beaux échantillons des principaux maîtres anglais; les gale-
ries particulières, nombreuses et riches, s’ouvrent facilement pour les
travailleurs sérieux; on a beaucoup gravé dans les bons maîtres, et enfin
il y aurait peut-être une source de grand succès dans la seule traduction
des livres intéressants publiés sur Reynolds par M. Tom Taylor, sur
Constable, sur Wilkie et sa correspondance, etc.

a Trois degrés d’élévation du pôle, a dit Pascal, renversent toute la
jurisprudence; un méridien décide de la vérité ; les lois fondamen-
 
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