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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

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Nr. 6
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Burty, Philippe: L' exposition de la Royal Academy
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0573

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EXPOSITION DE EA ROYAL ACADEMY.

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taies changent!... » Qui n’est tenté d’appliquer aux Académies la pro-
fonde ironie de cette pensée? Alors qu’en France Eugène Delacroix était
mis à l’index et Troyon laissé dans l’oubli, l’Académie d’Amsterdam
s’honorait de les accueillir l’un et l’autre. Pendant qu’ici un Académi-
cien engage en vain ses illustres confrères « sans rien détruire et sans
trop innover, à profiter des exemples du passé et à lui faire d’heureux
emprunts1, » de l’autre côté d’un détroit de quelques lieues, une Acadé-
mie se tient en constante communication avec les jeunes artistes et avec
la nation.

Par ses exhibitions, la Royal Academy fait acte d’existence et s’offre
annuellement à la discussion. Elle demeure maîtresse chez elle et peut fer-
mer ses portes à qui bon lui semble2. Par son institution des Associates,
elle entre dans la vie publique. Personne en Angleterre ne songeant à se
soustraire à la légitime pression de l’Opinion, chacun se montrant dis-
posé à accepter la discussion sur le terrain même où il plaît à l’adver-
saire de la poser, on comprendra qu’il y a beaucoup plus de chances
pour que l’Academy, tout en restant gardienne de ses traditions et
jalouse de ses privilèges, s’infuse à chaque élection du sang nouveau
dans les veines. Les Associates sont généralement désignés à son atten-
tion par des succès éclatants ou par des affirmations persistantes de
systèmes. En s’attachant des hommes jeunes, éminents, populaires et qui
pourraient devenir de redoutables dissidents, P Academy, intelligente et
politique en cela comme l’aristocratie des Pairs, évite de s’isoler, donne
des gages de prudence, et se réserve cependant sa liberté d’allures.
Entrer à l’Académie n’est point, comme cela s’est vu trop souvent dans
d’autres pays, remporter une victoire bruyante ou passer par une porte
trop facilement ouverte, c’est arriver légitimement aune position enviable
et enviée. Cela n’exige ni palinodies, ni abandon de ses goûts, c’est
d’ordinaire recevoir de ses émules ou de ses adversaires même une loyale
marque d’estime.

Cela n’implique point non plus une idée de professorat. La Royal
Academy distribue bien aux élèves, qui suivent ses cours, des leçons,

1. L. Yitet. L’Académie royale de Peinture et sculpture. Élude historique.
Paris, 1861, pages 190 et suivantes.

2. Le jugement de l’Académie étant celui d’une association particulière n'entraîne
point les mêmes inconvénients que chez nous, où, lorsque l’Institut formait seul le
jury, on se trouvait académiquement et officiellement condamné. Les artistes repoussés,
aquarellistes ou peintres à l’huile et même graveurs, organisent à quelques pas plus
loin dans Pall-Mall, une contre-exhibition qui offre, avec une pointe en pi us de gaîté,
l’aspect de notre Salon des Refusés.
 
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