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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 18.1865

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Nr. 6
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Burty, Philippe: L' exposition de la Royal Academy
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https://doi.org/10.11588/diglit.18742#0574

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556

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

des conseils et des prix; elle a des professeurs de peinture, de sculpture,
d’architecture, d’anatomie, de perspective; elle fait le soir des lectures
d’Histoire et de Littérature anciennes, mais autant qu’une rapide étude
me permet de conclure, son enseignement doit être fort libéral et ne doit
point entraîner la transmission obligatoire des systèmes d’exécution.
L’Anglais, très-avide d’éducation, — ses voyages sur le continent, son
ardeur à suivre tous les cours, à entendre toutes les lectures, à lire toutes
les revues, à visiter toutes les exhibitions le prouvent bien, — l’Anglais
sait conserver vierge sa personnalité. Il regarde, il compare, il étudie,
il médite, mais il met toutes ces notes dans un tiroir qu’il n’ouvre qu’aux
jours où le besoin immédiat s’en fait sentir, et c’est à son propre génie
qu’il demande toujours ses grandes inspirations. Shakespeare, à qui il
faut toujours en revenir quand on parle de l’Angleterre, en est la preuve
la plus éclatante : historiens anciens, dramaturges espagnols, philosophes
français, Shakespeare avait tout lu; à Plutarque, à Montaigne, il a
emprunté des morceaux entiers, mais il ne s’en est servi qu’à la façon
des mosaïstes, qui insèrent dans leur tableau des fragments de marbres
exotiques, rares et précieux, et il est resté la plus haute personnification
des rudesses et des douceurs, de la fantaisie et du positivisme, qui font
de l’individu anglais le plus inexplicable amalgame. D’ailleurs, la Royal
Academy, à l’exemple de notre Académie des beaux-arts avant la Révo-
lution, appelle à elle quiconque a un talent incontesté, sans distinction
de genre. De même que l’on vit chez nous siégeant côte à côte, ou suc-
cessivement, Le Moyne, peintre d’histoire, Francisque Millet, peintre
de paysages, Watteau, peintre de fêtes galantes, Oudry, peintre d’ani-
maux, Rosalba Cariera, « illustre pour le pastel, » dans la liste des aca-
démiciens anglais actuels, on trouve réunis des peintres d’histoire, de
genre, de portraits, d’animaux. Cette circonstance, jointe à cette autre
qu’il n’y a point en Angleterre d’art officiel, et que le gouvernement,
lorsqu'il commande par hasard une fresque, prie simplement l’artiste
d’interpréter à sa façon un trait biblique ou un épisode de l’histoire
nationale, ces circonstances font que l’action de l’enseignement acadé-
mique dans l’acception discutable du mot ne se fait guère sentir.

Cette exhibition est la quatre-vingt-dix-septième de la Royal Aca-
demy. Elle occupe six salles, dont le jour est en général excellent, sauf
pour une, extrêmement petite, réservée aux gravures1. L’exhibition pa-

'1. C’est également dans cette salle, Octcigon room, qu’est déposé le livret por-
tant le prix demandé par les artistes pour leurs œuvres. Un employé fournit à ce
sujet tous les renseignements désirables.
 
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